ÉLECTION – le 11 avril prochain, le Tchad organise pour la sixième fois l’élection présidentielle, sous le régime du MPS (Mouvement patriotique du salut).  Que faut-il retenir des cinq scrutins présidentiels passés?

1996 – les Tchadiens se rendent pour la première fois aux urnes, depuis l’accession du MPS au pouvoir en 1990, pour voter leur président. Une présidentielle inédite dans un pays où la prise du pouvoir s’est faite le plus souvent par les armes. Quinze candidats sont en lice, y compris Idriss Déby qui a renversé Hissène Habré en 1990. Le scrutin s’est tenu dans un contexte de post-conférence nationale souveraine. A la proclamation des résultats, Idriss Déby obtient 43,82% devant Wadal Abdelkader Kamougué (12,39%) et Saleh Kebzabo (8,61%). Au second tour, Idriss Déby, qui a reçu le soutien de Saleh Kebzabo, bat Wadal Abdelkader Kamougué avec 69,09% de voix contre 30,91%. Il est donc élu président de la République du Tchad.  

Mais son élection est aussitôt contestée par ses challengers. Ils dénoncent des irrégularités dans le processus électoral. Selon eux, un supposé encre indélébile lavable a été utilisé par le vainqueur pour frauder. Ils reprochent en outre à la France d’avoir joué un rôle dans cette « fraude » pendant l’acheminement des matériels de vote des provinces vers N’Djamena par les militaires de l’opération « Épervier ».   

2001 –  le président sortant, Idriss Déby est candidat à sa propre succession. Il bénéficie du soutien de Lol Mahamat Choua mais doit faire face à six opposants. A la veille de la proclamation des résultats, la direction de campagne du président sortant annonce la victoire de son candidat. la Commission électorale indépendante nationale (CENI) proclame le président Idriss Déby gagnant avec 63, 17%.  Un résultat qui n’a pas été reconnu par l’opposition.  Dans la foulée des activistes et des opposants sont interpellés par la police.

2006 –  Trois semaines après l’échec des rebelles du Front uni pour le changement( FUC) à l’entrée de N’Djamena, le pays organise le premier tour du scrutin présidentiel malgré la demande de son report. Le président sortant, Idriss Déby qui est candidat grâce à la révision constitutionnelle de 2005 remporte l’échéance. Il est vainqueur avec 77, 53%  devançant largement Kassiré Coumakoye, Albert Pahimi Padacké, Mahamat Abdoulaye et Ibrahim Koulamallah. Des opposants jugés proches du pouvoir et qui avaient été ministres sous le régime de leur adversaire.  

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2011 –  Les « ténors » de l’opposition tchadienne, Saleh Kebzabo, Ngarlejy Yorongar, Wadal Abdelkader Kamougué  s’abstiennent de participer à la présidentielle.  Le président Idriss Déby en course pour un autre mandat hérite de deux adversaires : Pahimi Padacké Albert et Nadji Madou. Quatre millions et demi de Tchadiens sont appelés aux urnes. Le candidat Idriss Deby a été réélu pour un quatrième mandat avec un suffrage de 88,26%.

2016 – Contrairement au scrutin précédant, celui-ci compte quatorze candidats dont celui du président Idriss Déby Itno. L’opposition qui a boycotté la  présidentielle de 2011 est revenue avec une autre stratégie :  pousser le président au second tour. Mais dès le premier tour, Idriss Déby Itno remporte le scrutin avec 59,92%. Un suffrage que le Conseil constitutionnel a validé tout en rejetant le recours collectif de l’opposition pour vice de procédure. L’opposition avait souhaité que le scrutin soit invalidé. Elle a  appelé à une journée morte pour protester contre les résultats. Saleh Kebzba a  accusé le pouvoir d’avoir fait disparaitre une soixantaine de militaires qui n’auraient pas voté pour le président Idriss Déby Itno.