LITTÉRATURE – Pendant le mois du livre 2019, sur son portrait exposé à la bibliothèque nationale, on pouvait lire “Etoile Montante”. Renaud Dinguemnayal est un auteur prolifique qui a embrassé la littérature dès son jeune âge.

Son parcours littéraire, Renaud Dinguemnayal le doit quelque peu à la séparation de ses parents. Cette séparation conduit le jeune Renaud âgé de 7 ans à se retrouver chez son grand-père. “La solitude m’a poussé à beaucoup lire. Cela m’a conduit droit vers l’écriture. Je suis d’une âme solitaire. Je peux être dans une foule et me sentir seul“, avoue Renaud Dinguemnayal.

En 1992, Renaud Dinguemnayal était en seconde au lycée classique et moderne de Garoua, ville qui l’a vu naître. Il participe à un concours de poésie organisé par la ville de Garoua et remporte le premier prix. Un prix qui va le conforter dans son désir de devenir écrivain mais qui va également lui permettre de prendre une décision qui va changer sa vie.

Lorsque j’ai écrit mon poème, je suis allé pour le déposer auprès du surveillant général de mon lycée mais il m’a dit que ce concours n’est pas pour les “étrangers”. Alors je suis allé le déposer à la mairie. Quand j’ai gagné, j’ai reçu un lot de livres. Le Surveillant m’a convoqué pour que je restitue les livres au lycée mais j’ai refusé. Il m’a traité de “Tchadien”, à l’époque c’était une insulte au Cameroun. C’est ce jour que j’ai décidé de venir au Tchad“, se souvient-il.

Mais à son arrivée, Renaud Dinguemnayal se sent comme un étranger au Tchad. Il découvre alors que N’Djamena ne ressemble pas à la capitale qu’il s’imaginait. Cette situation lui inspire d’ailleurs une nouvelle “Au pays de grand-père” qui lui permet aussi de gagner un concours et une place dans le recueil collectif “Tchad au cœur” publié par le Réseau de lecture publique (RLP) en 1999.

Je pense que le nom que je porte est un fardeau. Mon nom Dinguemnayal veut dire “un homme ne se perd pas”. C’est pour porter mon nom que je suis rentré“, précise Renaud Dinguemnayal avec fierté.

L’auteur participe à un atelier animé par l’écrivain Koulsy Lamko et de cet atelier nait le club Salon des belles lettres. Le club a initié les rencontres de lecture publique dénommée “Thé & Textes”. Avec le temps, le club s’est dissout. Mais Renaud Dinguemnayal va utiliser le nom du club pour un projet littéraire plus important.

En 2008, Renaud Dinguemnayal a publié son roman “Les obsèques de Mbeuryo” chez l’éditeur l’Harmatan. Un roman qui raconte une histoire similaire à la sienne. Celle d’un homme qui a quitté son pays et y revient vingt ans plus tard. Le personnage refuse alors de quitter à nouveau son pays.

Ce livre a ouvert la porte à plusieurs d’autres notamment “Les yeux du cœur ou comment un aveugle a conquis l’Hémicycle”, “Parcours d’un Gargoundi”, “C’est quoi être Tchadien ou auto-perception de l’identité nationale” et son dernier livre “Crises sécuritaire et sécessionniste Paul Biya à la croisée des chemins”.

Il s’est essayé à tous les genres littéraires sauf le théâtre parce qu’il ne sent pas l’âme d’un comédien, selon lui. “Je suis un narrateur. J’excelle dans la biographie. Et je suis également un poète“, souligne Renaud Dinguemnayal. L’écrivain travaille en ce moment sur trois tapuscrits qui sortiront avant la fin de l’année. Un constat amer a poussé l’auteur à se lancer dans l’édition. Il a fondé les éditions “Salon des belles lettres”. Cette maison d’édition associative est créée pour permettre aux jeunes auteurs de se faire éditer. Le Salon des belles lettres a déjà publié une dizaine de livres.