PARIS, 11 novembre (Xinhua) — Le président tchadien Idriss Déby Itno a remis lundi à Paris une copie du crâne de Toumaï, le plus vieil ancêtre de l’humanité, à l’Organisation des Nations- Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO).

“C’est avec un grand plaisir que nous offrons la réplique du crâne de Toumaï à l’UNESCO, en tant que bien commun et ancêtre de l’humanité”, a déclaré le chef de l’Etat tchadien au cours d’une cérémonie tenue en marge de la 37ème session de la Conférence générale de l’organisation onusienne qui se tient depuis une semaine à Paris, capitale française.

Pour Mme Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, la remise du crâne de Toumaï est le symbole de la volonté commune du Tchad et de son organisation d’approfondir leur coopération dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la protection de l’environnement et du Lac Tchad.

“Nous avons tous une grand-mère commune, elle est africaine et s’appelle Toumaï. Son existence nous relie plus profondément que toutes nos différences de culture, d’origine ou de croyance”, a-t- elle indiqué, en recevant des mains du chef de l’Etat tchadien ce “petit morceau de l’humanité”.

Selon elle, l’UNESCO est le lieu de choix pour accueillir le cadeau de Toumaï et les débats scientifiques qui l’accompagnent, ” un cadeau [qui] ouvre aussi des perspectives pédagogiques très intéressantes”.

Mme Bokova a invité un maximum et d’étudiants à visiter l’UNESCO pour observer et cultiver le crâne de Toumaï. Car ” étudier l’histoire d’Afrique, c’est étudier l’histoire du monde”, a-t-elle indiqué.

“Toumaï est né à 6.000 kilomètres dans le désert; il se reposera, à partir d’aujourd’hui, ici à l’UNESCO”, a précisé le président Déby Itno.

Il a dédié Toumaï à la paix en Afrique et au monde, pour unir davantage les hommes et les femmes, quelles que soient leur couleur et leurs appartenances.

Découvert le 19 juillet 2001, dans le désert du Djourab à 800 Km au Nord de N’Djaména, Toumaï (qui veut dire “Espoir de vie” dans la langue de la région où il a été découvert) est le plus vieil hominidé découvert à ce jour, soit plus de 7 millions d’années.

Hormis Toumaï, le Tchad possède 17.000 fossiles d’hominidés, des peintures rupestres et des merveilles telles que les gorges d’Archei, jalousement gardées par la nature où se trouvent aujourd’hui, en plein désert du Sahara, des crocodiles descendants de ceux du Nil et une forêt équatoriale verdoyante.

Autant d’atouts qui peuvent attirer des scientifiques du monde et susciter des vocations parmi la jeunesse estudiantine et, au- delà, créer une véritable activité touristique.

“Le Tchad était parti de rien en 1994. Mais dix-sept ans après, il a joué un rôle crucial dans l’histoire de l’émergence des hominidés anciens. Désormais, Toumaï fait partie du patrimoine national, mais aussi mondial”, a réaffirmé Pr Michel Brunet, chef de la Mission paléontologique franco-tchadienne qui a découvert Toumaï.

Pour les autorités tchadiennes, Toumaï sera le meilleur ambassadeur du pays à l’UNESCO qui compte 194 pays.

“C’est une fierté nationale et ça permet d’asseoir définitivement la thèse selon laquelle notre pays est le pays de l’humanité”, a affirmé Mackaye Taïsso, directeur général du Centre national d’appui à la recherche (CNAR).

Il a rappelé qu’avant la découverte du célèbre ancêtre de l’humanité, le Tchad était connu par divers autres clichés par la recherche paléontologique.

Après dix ans d’études scientifiques dans des laboratoires étrangers, la Mission paléontologique franco-tchadienne a remis le crâne de Toumaï aux autorités tchadiennes il y a une année. L’original du vestige fossile est aujourd’hui gardé en lieu sûr ( avec Abel, le premier australopithèque apparu également au Tchad et vieux de plus de 3 millions d’années).

L’ancêtre de l’humanité reste mieux connu à l’étranger que dans son propre pays. Toumaï a notamment été l’invité d’honneur de l’exposition de Nagoya, organisé par le gouvernement japonais, et y a reçu la visite de 23 millions de personnes.