N’DJAMENA, 20 octobre (Xinhua) — Depuis plusieurs décennies, des recherches ne cessent de révéler l’existence de métaux de base, lourds et autres sur tout le territoire tchadien. Si la situation actuelle du secteur minier reste peu dynamique dans ce vaste pays d’Afrique centrale, l’Etat a entrepris diverses actions de promotion.

Avec ses quatre cratons et ses cinq massifs cristallins séparés par des bassins sédimentaires dont le grand bassin du Lac Tchad qui fait environ le 2/3 du pays, “le Tchad est un scandale géologique” selon Djimadoum Nambatingar, directeur général de la Géologie et des Mines, au ministère tchadien des Mines et de l’Industrie.

Si dès les années 50, rappelle-t-il, des sources faisaient déjà état existence du potentiel minier du Tchad, ce n’est que dans les années 70 que les vraies recherches ont commencé à travers un projet d’appui du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud). A la fin des années 1970, une équipe de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a mis en évidence des indices d’uranium dans le Mayo-Kebbi ouest.

D’autres sources ont aussi signalé l’existence de l’uranium dans le Tibesti, le Ouaddaï et le Guéra. “En termes d’indices, on a des métaux précieux, des métaux de base, des métaux lourds, etc. Si on classe ces indices par région, il y a des régions qui sembleraient beaucoup plus fournies, tels que le Tibesti, le Mayo-Kebbi et le Wadi Fira”, précise Mme Khadidja Hassane Abdoulaye, directrice adjointe de la Géologie.

Malgré tous ces indices, le secteur minier est toujours resté embryonnaire, pas dynamique.

En 2007, le gouvernement avait décidé de continuer l’inventaire minier commencé par le Pnud, d’une part, et de valoriser les données existantes, d’autre part. Deux ans plus tard, un projet sera mis en place, intitulé “Reconstitution du fonds documentaire et production de cartes prospectives” réalisé par le Bureau de recherches géologiques et minières français, en collaboration avec le ministère des Mines de l’époque. Objectif: traiter toutes les archives existantes afin de créer, d’une part, un système informatisé de gestion de base de données géologiques, un usage optimal, et d’autre part, compiler les données desdites cartes et les rapports pour en produire des cartes prospectives (sept à ce jour). Les résultats sont époustouflants.

Au sud du pays, il y a tout un amalgame d’indices miniers concentrés dans le Mayo Kebbi ouest: or, calcaire, marbre, cuivre, étain, tungstène, graffite. Selon le directeur général de la Géologie et des Mines, près de 200 kg d’or ont été déjà récoltés dans la zone de Gamboké, dans le Mayo Kebbi ouest, où le géant russe Gazprom prospecte depuis quelques années.

Dans la zone de Mbaïbokoum, à l’extrême sud-ouest frontalier avec le Cameroun et la République centrafricaine, il y a un indice de diamant. Mieux qu’un indice, Djimadoum Nambatingar parle d’une “assurance”, expliquant la présence du diamant dans les Monts-de-Lam par la similitude des formations géologiques dans cette zone avec celles qui existent en République centrafricaine où le diamant est exploité de manière artisanale depuis plusieurs années.

Si l’on peut trouver de l’or ou du gypse au centre du Tchad, ou du natron et de la diatomite à l’ouest, c’est toute une panoplie d’indices à l’est: or, calcaire, marbre, étain, tungstène, uranium, etc. Le nord, précisément le Tibesti, présente un éventail aussi très intéressant avec notamment l’or, le tantale, l’uranium et le tungstène. “Beaucoup reste encore à découvrir”, rassure la directrice adjointe de la Géologie.

“Déjà, à la fin de ce projet, nous avons constaté une certaine amélioration dans le dynamisme minier au Tchad qui s’est trouvé avec beaucoup plus de compagnies en activité”, se réjouit Mme Khadidja Hassane Abdoulaye. Trois permis ont été ainsi octroyés au nord du pays, trois autres à l’est pour le Wadi Fira, neuf dans le Sila, plus d’une dizaine dans le Mayo Kebbi ouest. A des compagnies russes, franco-suisses, chinoises, sud-africaines, etc. Des autorisations de petite mine sont même accordées, en partie, à des compagnies chinoises.

Selon Alain Pillevuit, administrateur général de Tekton Minerals, une société franco-suisse à qui l’Etat tchadien a octroyé, en octobre 2014, cinq permis couvrant 1.000 km2 dans le Ouaddaï, les résultats d’un peu d’une année de recherches sont très prometteurs. Il fait référence à un permis “avec une teneur exceptionnelle en or qui laisse imaginer une quantité supérieur à 3 millions d’onces d’or”; un second projet qui “laisse augurer le meilleur”; et “deux autres projets [qui] ont également montré des teneurs en or qui auraient pu, dans un autre contexte, probablement fait la une des annonces des compagnies juniors cotées en bourse”.

Pour jouir pleinement de son potentiel minier, le Tchad a entrepris un certain nombre de projets: réalisation d’un inventaire minier à l’Est du pays, actualisation de la carte des indices miniers, relecture de la loi n°11 de 1995 portant code minier. “C’est bien d’avoir un potentiel minier, mais il vaut mieux d’avoir en face un cadre législatif encore beaucoup plus attrayant”, indique Mme Khadidja Hassane Abdoulaye.

“Le but ultime de cette révision est d’impliquer les investisseurs miniers dans le développement du secteur minier tchadien, de façon compétitive, attrayante, et en générant des revenus pour l’Etat”, conclut la directrice adjointe de la Géologie.

Avec toutes ces potentialités minières, le Tchad dispose des ressources de relai qui, mises en valeur, devraient lui permettre d’élargir la voie de son développement économique, de la diversifier et de réduire sa vulnérabilité au pétrole.