DÉCOUVERTE – Peu connue des Tchadiens, Tchadinfos.com vous retrace l’histoire singulière de Kélou Bital Diguel, la femme devenue l’emblème de l’administration.

Plusieurs récits circulent à propos de l’origine de la célèbre photo de Kélou. Pour les uns c’est à l’occasion d’un concours de beauté, pour les autres c’est au marché de Fort-Lamy où elle vendait du lait. Pour certains encore, c’est à la suite d’un acte héroïque (assassinant d’un bandit de grand chemin). En réalité, tout a commencé en 1950 par la rencontre entre le photographe français Robert Carmet et une vendeuse de lait nommée Kélou Dahalob, au village de Chagoua puis à Fort-Lamy. Chaque fois, l’homme blanc lui fait plusieurs photos à cause de sa beauté physique et surtout de la coiffure au modèle si singulier, soutient le coordinateur de la Maison des patrimoines culturels et auteur de l’autobiographie de Kélou Bital Diguel.

Une de ses photos est devenue célèbre parce qu’elle a été d’abord publiée sur une boîte postale en France. A la fin des années 1950, adoptée par le gouvernement de la jeune République du Tchad comme le Sceau de l’Etat au début des années 1960.   

Kélou a longtemps fréquenté Fort-Lamy, une petite ville paisible où cohabitaient en harmonie, des gens venus de tous les horizons et de cultures différentes. Et surtout son marché, d’abord comme une vendeuse de lait venue de Toukra puis de Diguel. Elle s’était ensuite installée en permanence au quartier Djambal Bahr (au sud du centre Al mouna) avec son second mari jusqu’à la fin des années 1960 avant de regagner définitivement Toukra.

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Outre qu’elle représente le Sceau de la République, Kélou est le symbole de la femme tchadienne. Sa beauté est physique mais elle réside surtout au niveau de la coiffure par sa singularité, le modèle de tresse est sans doute l’élément fondamental de son charme et de sa séduction. Elle est unique, aussi bien dans son style que les éléments constitutifs. Il s’agit d’une coiffure de marque de l’époque, sa réalisation est très coûteuse. Seules les femmes privilégiées la portaient.

La tresse consiste donc à agencer avec délicatesse ces poils sur la tête grâce aux épines kouk. En tant qu’œuvre artistique de luxe, sa confection ne nécessite pas  seulement d’argent mais beaucoup de patience, d’adresse et de finesse.      

Un hommage à la femme tchadienne et aux gens ordinaires

Le choix de l’image de  Kélou comme sceau de l’Etat est un hommage rendu à la femme tchadienne en tant que symbole sacré de la société . Il s’agit de l’honorer en tant que mère de la nation et mère nourricière.

C’est aussi une démarche de respect qui résulte d’une véritable volonté politique des premières autorités de l’indépendance, celle d’une prise en compte de la femme comme maillon essentiel sinon comme socle de l’unité nationale et comme actrice de développement.

A travers ce choix, c’est aussi un hommage aux gens ordinaires. Le choix de l’effigie d’une simple vendeuse de lait comme sceau de la République est en lui-même parlant. Kelou est considérée comme une icône sacrée de la femme tchadienne, elle est passée de la vente du lait à la vedette de l’emblème administrative au Tchad, dénichée par le photographe français Robert Carmet.