SOCIETE – Après la hausse des prix de la bière, la consommation des whiskys frelatés augmente de plus en plus à N’Djamena. Tchadinfos est allé à la rencontre des grossistes, tenanciers et consommateurs.

Marché Dembé, en plein-cœur de N’Djamena. Nous sommes dans le magasin de Mbai Stéphane, un des grands grossistes des whiskys. Ici, l’on voit des va-et-vient, des cartons sur la tête, des petits marchands.  « Il y a plus des clients que d’habitude », affirme le vendeur, tout sourire. En cette journée de fraîcheur, l’attroupement n’est pas comme les mois précédents : les clients et tenanciers se bousculent au portillon. « Sers-moi d’abord et tu t’occuperas des autres après », lance l’un d’entre eux d’un air furieux. 

Après la décision des brasseries du Tchad d’augmenter les prix des bières, le 2 janvier, l’on a assisté au mécontentement général et à la fermeture des bars. Les N’Djamenois ont augmenté leur consommation des boissons frelatées. Score, Tir, Kitoko, Salut, Boss, Fighter, Golden, Lion d’or, Samson, Pastis, … Tout y passe. « Je fais plus de trois fois la recette d’avant parce qu’il n’y a pas eu la hausse de prix des whiskys en sachets. Cette situation est vraiment bénéfique pour moi », se réjouit Mbai Stéphane.

Les consommateurs trouvent aussi leurs comptes. Assis sur une chaise en plastique, son alcool déjà versé dans le verre, Djelassem Mahamat explique : « Pas besoin de dépenser plus de 850 francs CFA pour une bouteille de la bière. Avec seulement 100 ou 200 francs, je peux me saouler. Ce prix bas me permet également d’inviter un ou deux autres amis pour boire avec moi. »

Risques sur la santé

Mais, cette forte consommation des produits frelatés « a des répercussions sur la santé », avertit Ismaël Banadji, médecin généraliste à l’hôpital de La liberté. « Ces whiskys sont très nocifs et agressifs pour les organes, en général, et pour le foie, en particulier. Ils sont susceptibles de déclencher très vite les pathologies hépatiques existantes telles que les hépatites virales B et C, une insuffisance hépatique, biliaire et hormonale », explique-t-il. 

Et d’ajouter : « Une consommation régulière, même à faible dose, augmente le risque de dépendance progressive jusqu’à ce que le sujet ne puisse plus se passer de consommer. Lorsqu’elle est installée, cette dépendance alterne la faculté mentale du sujet et le bon fonctionnement de ces organes clés. Cela crée un cercle vicieux dont l’issue sans aide est toujours fatale. Il y a enfin le risque accru de cirrhose du foie et même du cancer de foie. » Ce message d’alerte arrive-t-il jusqu’au marché de Dembé ?

Mouni Nguemadji

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