A quelques mètres de l’entrée du pont à double voies, entre commerce, risque et malhonnête, l’ambiance est époustouflante et le quotidien de vendeurs ambulants des pains est insupportable. Mais le courage et la détermination restent les maîtres mots.

L’ambiance est habituellement bruyante à l’entrée du pont à double voies, dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Ce climat, l’on le doit visiblement aux commerçants itinérants qui exercent sur cet axe. La plupart sont les vendeurs ambulants de pain. Ils sont visibles de par leurs incessants va- et-vient pour accoster d’éventuels clients.

Si les autres commerçants et commerçantes ont tendance à être sur place et assis derrière leurs étals de marchandises, les vendeurs de pain de cette artère, quant à eux, préfèrent être debout et toujours en mouvement pour mieux vendre leurs produits. Ce, malgré la circulation dense des véhicules et motos qui rendent ce tronçon dangereux.

« la concurrence est là et il faut bien y faire face »,

Courir derrière les véhicules est leur stratégie de vente. Raison : « la concurrence est là et il faut bien y faire face », dit l’un de ces commerçants qui vient à peine de finir sa course derrière les clients, en riant. Cette façon de faire n’est évidemment pas sans conséquence, car les accidents de circulation surviennent souvent. Malgré tout, les policiers qui ont la responsabilité de veiller à la sécurité routière restent indifférents et laissent faire.

Qui sont ces vendeurs de pains ?

Ils sont pour la plupart venus de l’intérieur du pays, abandonnant leurs études et leurs travaux champêtres, à la recherche d’une vie meilleure. Cheveux et visage blanchis par la poussière, Nadjitan est dans ce commerce depuis plus de trois ans. Par jour, il arrive à vendre plus de 200 baguettes de pains, voir 300. Ce qui lui fait un bénéfice de 5 000 FCFA à 7 500 FCFA par jour, sachant qu’un pain vendu égale à 25 FCFA de bénéfice.

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A quelques mètres de lui, « Masta » paraît être fatigué mais la discussion l’attire et l’oblige à se prononcer. Si Nadjitan est son propre patron et n’a des comptes à rendre à personne, lui par contre doit rendre des comptes tous les soirs à son grand-frère qui lui a confié ce business. « C’est ce qui nous permet de vivre », lance-t-il avant de renchérir que « si nous restons sur place sans courir derrière les clients, nos chiffres d’affaires seraient médiocres ».

Mais le comble dans leur stratégie de vente, ils se trouvent souvent confronter aux clients malhonnêtes qui prennent les pains sans penser à payer et disparaissent dans la nature.