L’annonce vient d’être faite sur les antennes de l’ONRTV, le Premier ministre Djimrangar Dadnadji a démissionné. Les caciques du parti (MPS) auront eu sa peau en fin de compte. Une motion de censure à l’encontre de son gouvernement a été initiée par 74 députés de la majorité présidentielle qui reprochent plusieurs ratés à son gouvernement.

Extrait de cette motion de censure présenté au président de l’assemblée Haroun Kabadi “il importe que l’Assemblée nationale prenne ses responsabilités en censurant ce gouvernement qui n’est pas capable de mener les réformes nécessaires pour répondre aux attentes du peuple tchadien”.

Le Premier ministre était déterminé a aller s’expliquer devant les élues, mais faut croire que le chef suprême en a décidé autrement. Comme l’a fait savoir le PM à tous ceux qui lui demandaient d’éviter l’étalage public en démissionnant, “je ne le ferai que si le PR me le demande”.

La motion de censure initiée par le MPS, parti majoritaire à l’assemblée semble être l’arme fatale de ce parti pour évincer du piédestal tous les premiers ministres considérés comme peu à leurs goûts ou très récalcitrants. Dans l’histoire politique tchadienne, nous avons en mémoire le cas de Kassire Delwa Koumakoye alias “Kaskou” qui a séché le rendez-vous à l’assemblée pour démissionner par la suite. Youssouf Saleh Abbas a reçu lui aussi le même carton d’invitation, très marqué par ce qu’il jugeait de lâcheté à éviter le pugilat et remit sa démission. Dadnadji aura fait pareil.

Faut relever que son gouvernement s’est distingué en tout points, en battant le record du plus court mandat d’un Premier ministre, dix mois en tout avec cinq remaniements au compteur.

Toutefois, plusieurs questions restent en suspend, que reproche-t-on réellement à cet administrateur chevronné que plusieurs ont qualifié à sa nomination comme compétent et très à cheval sur les procédures. Les députés ont justifié leur motion par ces cinq points ( l’instabilité gouvernementale, cinq remaniements en dix mois), la non-résolution de la vie chère, les arrestations de députés sans respect de leur immunité et une gestion chaotique de la carte scolaire. ). Mais connaissant ce qu’est la scène politique tchadienne est-ce suffisant pour autant de le faire débarquer ?

Les bruits de couloir, lui prêtent une intransigeance sur les règles et procédures qui le font passer pour arrogant auprès des poids lourds du parti, qui par le passé avaient leur passe-droit au PR sans passer par le PM. Les as des magouilles et autres coups fourrés lui reprochent de mettre son nez partout, ce qui les limitait dans leurs manœuvres. D’aucuns l’ont jugé partisans en l’accusant de népotisme cherchant à casser dans l’administration vaille que vaille ses pions. On parle même de détournements ou de tentatives, on lui a reproché son voyage en Suisse pour question sanitaire. Et la dernière à N’Djamena, son manque de prudence en désavouant publiquement le PR sur la question du bilinguisme. Ce dernier point doit être placé dans son contexte, on lui demande s’il est pour un bilinguisme total, question à laquelle il répond par un non, “on ne peut forcer les gens à parler une langue, si nos jeunes maîtrisent une des deux langues, c’est déjà ça”.

Quoiqu’il en soit nous restons sur notre soif avec plusieurs questions non élucidées, il aurait été intéressant qu’il vienne s’expliquer devant les élus et le peuple, nous aurions eu de quoi commenter et éclairer notre lanterne sur ce qui se passe réellement en hauts lieux. Une chose est sûre lui ou un autre si on ne le laisse pas travailler l’objectif de faire du Tchad un pays émergent en 2025 devra être remis aux calendes grecques.

Les pronostics sont ouverts pour la relève les noms de Moussa Faki Mahamat, Mahamat Saleh Annadif, Bedoumra Kordje, Houdeingar David, Adoum Younoussoumi, Bernard Padaré, Mariam Mahamat Nour circulent. Wait and see pour un autre ballet de nominations et décrets hebdomadaire.