Plus de 4,7 millions de personnes auront besoin d’assistance humanitaire au Tchad en 2017, à cause des crises humanitaires multiples, des urgences sanitaires marquées par les flambées de paludisme, selon le dernier bulletin humanitaire publié par le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) au Tchad.

Le faible développement humain exacerbé par les risques climatiques et sanitaires associés à la forte insécurité alimentaire et les déplacements de population précipitent la majorité de la population tchadienne, environ 8 millions de personnes, dans une vulnérabilité aigüe ou chronique. Selon l’aperçu des besoins humanitaires (HNO) en 2017, plus de 4,7 millions de personnes, dont 52% de femmes, auront besoin d’une assistance humanitaire l’an prochain.

En ce qui concerne la sécurité alimentaire et la nutrition, malgré les bonnes perspectives de la campagne agricole 2016/2017 par rapport à la campagne précédente, l’analyse du Cadre harmonisé en novembre 2016 estime que près de 3,9 millions de personnes seront en situation d’insécurité alimentaire, dont plus d’un million en insécurité alimentaire sévère pendant la prochaine période de soudure (juin-août 2017).

“Ces personnes auront besoin d’une assistance alimentaire d’urgence ainsi que d’un appui à la production agricole et à l’élevage pour les aider à sortir de leur situation de vulnérabilité”, précise le rapport. A ces personnes s’ajoutent près de 500 000 personnes en situation de déplacement qui ont toujours besoin d’une assistance alimentaire.

La situation nutritionnelle reste préoccupante avec près de 438 101 cas de malnutrition attendus en 2017 (une détérioration par rapport aux 410 314 cas attendus en 2016), dont 237 807 cas de malnutrition aigüe modérée et 200 294 cas de malnutrition aigüe sévère touchant les enfants de moins de 5 ans qui auront besoin d’une prise en charge nutritionnelle urgente. “Etant donné la corrélation entre insécurité alimentaire et malnutrition, l’assistance alimentaire devra être combinée au traitement et à la prévention de la malnutrition chez les enfants et les femmes enceintes et allaitantes. Pour réduire la prévalence de la malnutrition aigüe, une réponse intégrée nutrition-santé-éducation-eau, hygiène et assainissement est nécessaire”.

Les mouvements de population concernent 581 000 personnes au Tchad, dont 389 000 réfugiés, 105 000 personnes déplacées internes, 87 000 retournés tchadiens, et 322 ressortissants de pays tiers. Ces personnes vivent à l’est (réfugiés soudanais) et au sud (réfugiés et retournés de la République centrafricaine) en raison de l’instabilité et des conflits dans les pays voisins, mais aussi du fait de l’insécurité et des opérations militaires dans la région du Lac (réfugiés et retournés du Nigeria et déplacés internes). “Les conditions sécuritaires volatiles dans ces pays voisins et dans la région du Lac n’offrent pas de perspectives de retour pour 2017, et pourraient même engendrer de nouveaux mouvements de population”, préviennent les organisations humanitaires.

Enfin, le faible développement du Tchad, la faiblesse des infrastructures et la pauvreté généralisée rendent difficile l’accès aux services essentiels, notamment l’accès aux services de santé pour plus de 1,9 million de personnes. Les enfants de moins de 5 ans et les femmes sont les plus affectés. “Il est prioritaire d’améliorer l’offre et la qualité des services de santé primaires, particulièrement dans les zones à risque (zones favorables aux épidémies et autres maladies graves tel que le paludisme et les contextes d’urgence)”, suggère le document d’OCHA.

La vaccination d’urgence demeure une priorité en 2017, ainsi que l’accès à la santé reproductive et néonatale, étant donné les taux de mortalité maternelle (860 décès pour 100 000 naissances, 3ème taux de mortalité maternelle le plus élevé au monde) et des enfants de moins de 5 ans (133 pour 1 000 en 2014) très élevés. Il est également essentiel de renforcer le système de surveillance et d’alerte précoce afin d’améliorer la détection des flambées épidémiques et être en mesure d’y répondre rapidement.

Le paludisme est la cause principale de mortalité des enfants de moins de 5 ans et affecte la majorité des régions du Tchad. Près de 750 000 cas suspects de paludisme, dont 337 000 cas confirmés et 900 personnes décédées ont été enregistrés depuis janvier 2016. Les agences onusiennes exhortent à une intensification des campagnes de distribution et d’utilisation des moustiquaires et de chimio-prophylaxie saisonnière en 2017.

“La communauté humanitaire ne répondra pas à tous les besoins identifiés, notamment par manque de ressources et car certains besoins sont directement hérités de vulnérabilités chroniques et d’une pauvreté générale”, déplore OCHA Tchad. La communauté humanitaire a convenu d’un cadre stratégique et d’un plan de réponse pluriannuel sur trois ans (2017-2019) afin de définir une réponse intégrée des acteurs humanitaires et de développement, notamment dans les contextes de crises chroniques où les solutions sont à moyen et long terme. “Ce travail de priorisation est en cours de finalisation et sera présenté dans les prochains jours”, conclut le document d’OCHA.