Omniprésente depuis plus de dix ans, la malnutrition devient de plus en plus préoccupante au Tchad. L’Unicef, en collaboration avec la maison des médias et l’Union des journalistes tchadiens (UJT), a organisé un café de presse le 28 juillet, pour expliquer les causes, conséquences et les axes de réponse.

Définie comme un état pathologique résultant d’une inadéquation par excès ou par défaut entre les apports alimentaires et les besoins de l’organisme, la malnutrition est omniprésente au Tchad depuis près d’une dizaine d’années. Elle touche en grande partie les enfants âgés de zéro à moins de cinq ans.

Cette situation est aggravée par l’insécurité alimentaire, le faible accès aux soins, le faible accès à l’eau potable et l’assainissement, la récurrence des épidémies telles que la rougeole, le paludisme et les infections respiratoires. A cela, s’ajoutent les pratiques alimentaires inadéquates à savoir le faible taux d’allaitement maternel exclusif, une insuffisance de diversité et de fréquence alimentaire, l’introduction de l’eau durant les 6 premiers mois. « Seulement 1 enfant sur 10, soit 11,5% des enfants sur de 6 sur 23 mois ont une pratique d’alimentation minimum acceptable », indique un document de l’Unicef.

16 des 23 provinces sont dans un état critique

Au Tchad, selon les données de l’enquête du Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (UNICEF), il existe plusieurs forme de la malnutrition.  La malnutrition chronique, elle est caractérisée par un poids plus petit par rapport à l’âge de l’enfant. Elle crée un impact irréversible sur le développement physique et intellectuel. Cette forme de malnutrition est remarquable suite à l’indicateur de pauvreté et de vulnérabilité avec  des conséquences à long terme. Selon l’enquête nutritionnelle de 2021 menée par le ministère de la Santé avec l’appui de l’Unicef, 30,4% des enfants sont touchés par la malnutrition chronique. La malnutrition aigüe globale est estimée à 10,9%. Le taux de malnutrition a excédé le seuil préoccupant de 10 % dans 16 des 23 provinces, parmi lesquelles sept provinces sont dans une situation critique (Batha, Barh El Gazal, Salamat, Ennedi ouest, Ennedi Est, Wadi Fira, Kanem).

Il y a la malnutrition aiguë, elle est caractérisée par le poids ou la taille, maigreur avec un risque immédiat de mortalité. Cette forme présente trois formes cliniques: marasme, kwashiorkor et mixte. Les enfants atteints par cette forme de maladie sont généralement trop maigres par rapport leur taille. Elle est hautement liée à la mortalité. En 2022, l’Unicef estime que plus de 340 mille enfants souffrent de malnutrition aigüe sévère et auront besoin d’un traitement.

Conséquences

Les enfants atteints par la malnutrition sous ces différentes formes soufrent de l’épuisement de réserves de l’organisme, une perte d’autonomie et parfois le décès du patient. Les troubles psychiques, les dommages subis par le cerveau pendant les 1000 premiers jours (de la grossesse au 2eme anniversaire de l’enfant) sont irréversibles et altèrent les capacités cognitives de manière permanente.

Axe d’interventions de lutte contre la malnutrition

Pour trouver des solutions aux problèmes liés à la malnutrition, l’Unicef a proposé ce qui suit :

-renforcer la gouvernance de la nutrition à travers un appui technique aux différents centres de nutrition ;

-développer et valider des documents stratégiques (politique, décrets, loi et stratégie), normatifs (SLM, Iodation sel, Protocoles)

-assurer des formations initiales en nutrition dans les écoles de santé publique.