Bien qu’interdit, le charbon continue par être introduit de manière frauduleuse à N’Djamena. En ce temps où le gaz butane est rare, les ménages se ruent sur tout ce qui peut servir la cuisson. Et, le charbon bien entendu.

Bientôt un mois que le gaz butane se raréfie sur le marché tchadien. Les ménages ont du mal à chauffer les marmites au feu. Dans les rues de N’Djamena, hommes et femmes, à pied, à moto ou en voiture, défilent avec les bonbonnes de gaz butane vides à la recherche d’un point d’approvisionnement. Cette pénurie du gaz butane oblige les ménages tchadiens à revenir aux vieilles habitudes. Les sources d’énergie naturelle sont donc sollicitées. Le charbon refait surface d’une certaine manière dans les ménages. Car, les autorités tchadiennes, dans le cadre de la protection de l’environnement, ont interdit la coupe des arbres pour en faire de bois de chauffe et du charbon.

Mais le charbon continue par être vendu à N’Djamena frauduleusement. Le point d’approvisionnement de cette source d’énergie est la ville de Kousseri au Cameroun. Une fois la frontière franchie, le charbon est vendu en cachette dans les quartiers de N’Djamena.

En ce temps de pénurie de gaz, seule source d’énergie autorisée, où n’importe quoi sert à faire du feu (bouse de bœuf, planche, branches et feuilles de rônier, dôme, chaussures usées etc.), le charbon se vend cher. Non seulement à cause de son interdiction mais également parce que sollicité en ce moment.

Un tas de moins de dix morceaux de charbon se vend à 250 FCFA ; le sac de 100kg est vendu à 22 000 FCFA. Mais les ménagères n’ont pas d’autres choix que d’acheter malgré la flambée de prix. « C’est trop cher mais on va faire comment ? Le gaz est difficile d’accès. On est obligé de faire avec. Je dépense au moins 1 000 F pour le charbon et le dôme pour préparer le repas », témoigne Dénédiguim Dénise, ménagère de son état.

Du charbon vendu en détail.

Mariam Hissein n’a plus de gaz butane, sa bouteille de 6kg se trouve chez le boutiquier revendeur. Elle est obligée d’utiliser des vieilles chaussures abandonnées pour préparer le thé ce 12 mars 2019. “ Je n’ai pas de gaz depuis quelques jours, le charbon est très cher et introuvable aussi. Aujourd’hui j’ai préparé le petit déjeuner avec les vieilles chaussures de mes enfants” soupire-t-elle.

Dans les rues de N’Djamena, les pick up des revendeurs de gaz butane sont guettés et pris en chasse par les motocyclistes jusqu’à sa destination. Malgré ces gymnastiques, il arrive que les revendeurs ne satisfassent pas les consommateurs.  

Les revendeurs profitent de cette situation pour spéculer sur les prix. La bouteille de 6 kg habituellement vendue à 2 000 FCFA, est vendue pendant ce moment de pénurie 3 000 voire 4 000 FCFA.   

Pour le secrétaire général de l’association pour la défense des droits des consommateurs, Daouda Elhadj Adam Cette situation pénalise gravement les consommateurs qui ont pourtant adhéré massivement à la politique de protection de l’environnement prônée par le Gouvernement à l’utilisation de ce produit de substitution aux sources traditionnelles d’énergie à savoir le charbon de bois et le bois de chauffe.”

Entre temps, dans la matinée de ce mercredi 13 mars, le ministre du Pétrole et de l’Energie, Mahamat Hamid Koua, en visite à la raffinerie de Djermaya, fait un constat selon lequel la raffinerie a épuisé ses stocks de gaz butane. Donc les yeux sont tournés vers le Nigéria pour soulager les ménages en ravitaillant le Tchad en gaz butane. Vivement que la date du 4 avril ( date de la fin de la maintenance de la raffinerie de Djermaya) arrive vite car, la situation est intenable. La société civile a appelé une manifestation pacifique le 14 mars pour protester contre cette rareté