Au gré de l’avènement de la démocratie, depuis 1993, ce sont prés de 150 partis politiques qui ont été créés, les uns avec plus de fortune que les autres. Mais, même réduits à leur plus simple expression, c’est à dire leur chef fondateur ces associations politiques revendiquent le droit à l’existence et prétendent œuvrer pour l’instauration d’un Etat de Droit au Tchad. En réalité, ce ne sont pour la plupart, que des coquilles vides au mieux des strapontins pour leur fondateur ou des portes étendards pour ceux qui se revendiquent de la mouvance présidentielle. Une farce nationale dont le principal dindon est le peuple Tchadien. Focus sur le fonctionnement des partis politiques au Tchad.

Un parti politique est par définition, une association politique organisée autour d’une idéologie et des objectifs qui visent la transformation de la société et la gestion de la chose publique. Un parti politique rassemble autour de leaders des citoyens qui partagent son idéologie et ses objectifs de pouvoir. Son rôle essentiel est de participer à l’animation de la vie politique à travers sa fonction programmatique. Son principal objectif est la conquête du pouvoir, et son principal rôle, s’il parvient au pouvoir est de conduire les politiques publiques afin améliorer les conditions de vie des citoyens.

Au Tchad, la création des partis est devenue un grand business, chacun veut être chef d’un parti politique pour bénéficier de certains privilèges et se faire une place au soleil afin de sortir de la galère. Comment croire que tous ces partis aussi nombreux que les ethnies du Tchad sont animés par le véritable souci de faire changer la société, quand on sait que la majorité d’entre eux n’a pas le moindre projet de société et que tous leurs programmes politiques sont des copier coller identiques.
L’objectif poursuivi par ces leaders, c’est d’abord l’enrichissement, l’accès aux matériels à travers les mécanismes officiels ou occultes de subvention des partis politiques. Le peuple au nom duquel, ils crient pour réclamer la liberté, la justice, les meilleures conditions de vie, bref tout le bla bla classique, n’est qu’un ensemble de faire valoir. Cette affirmation est étayée par le fait que la plupart des partis politiques entrent en hibernation pendant les périodes mortes et ne se manifestent qu’à la veille et pendant les campagnes électorales. Une vie éphémère qui se solde par l’octroi de subvention souvent source de querelles et de divisions à la tête de ces partis politiques opportunistes. Tout simplement parce que le partage a lésé certains membres dits fondateurs qui pensent que le moment est venu pour eux de se lécher enfin les doigts.

La pratique la plus courante de ces partis politiques appelés partis satellites est que aussitôt après leur reconnaissance officielle, leurs leaders se livrent à des tractations avilissantes afin d’avoir une place au gouvernement. C’est là leur objectif: s’enrichir rapidement. Reléguant ainsi aux calendes grecques l’idéologie de leur organisation. C’est une nouvelle vie de petits riches qui commence.

Ces comportements contraires à la philosophie d’un parti politique font qu’au Tchad, beaucoup d’entre eux n’ont pas de poids politique parce que manquant de base électorale et par conséquent n’ayant que peu ou pas du tout d’élus dans les principales institutions que ce soit au niveau parlementaire, régional, ou local. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir la configuration actuelle de l’Assemblée nationale et les représentations dans les communes. Comment comprendre qu’un parti politique qui veut opérer un changement ne puisse être représenté nulle part dans les organes de prise de décisions importantes? Rappelons aussi que l’ambition des partis politiques, c’est celle de chercher à conquérir le pouvoir politique à travers des consultations démocratiques et libres. Pour cela, non seulement, il faut avoir un bon programme politique mais il faut disposer de beaucoup de moyens : humain, matériel et financier etc. Alors qu’au pays de Sao, c’est le contraire, on part de rien, mais on espère au final.

Un autre constat et non des moindres est que les partis politiques sont des propriétés privées, celles de leurs fondateurs et souvent meurent avec la disparition de ceux-ci. Pas d’alternance à la tête des partis politiques, sauf à la mort de leurs fondateurs. Et même dans ce cas, la succession devient un casse-tête car, qui les parents biologiques ou des parents politiques peuvent prétendre à l’héritage ?

ALATARA Fortunat

Notre Temps #551