A N’Djaména, les sobriquets pour désigner les jeunes domestiques travaillant chez certains ménages ne manque pas. De «Bourma» gentille, le terme péjoratif des «fonctionnaires » de la rue de 40 s’est imposé du simple fait que, ces jeunes, quittent, très tôt le matin, des quartiers sud de N’Djaména, vers les quartiers Goudji, Mardjan Daffack, Bololo, Blabline ou Repos, non loin de la rue de 40 mètres.

 La vie de ces jeunes fuyant le monde rural pour la ville est souvent sujette à débat tellement ils sont nombreux et travaillent, parfois, sous une domination sévère. Au-delà de ce que ces jeunes en exode peuvent subir dans l’exercice de leurs activités, l’on se demande si réellement, ils ont de comportement pouvant les épargner de certains risques sanitaires. Les jeunes filles tombent souvent enceintes. Filles et garçons vivent parfois dans une même concession voire dans une même chambre. Et les risques sont énormes.

En effet, dans une étude intitulée, «Connaissances, attitudes et  pratiques en matière de la Santé de la Reproduction des « fonctionnaires de la rue de 40 », réalisée par le  Centre de Support en Santé internationale (CSSI), la vie courante de ces personnes a été évoquée, notamment dans le domaine de la santé de la reproduction plus spécifiquement la sexualité, les grossesses précoces, les accouchements assistés, les soins au nouveau-né et la planification familiale.

Le CSSI note que, les « fonctionnaires de la rue de 40 », sont des jeunes Tchadiens qui effectuent, de façon informelle, des travaux  domestiques chez des particuliers à N’Djaména,  dans les quartiers (de 2e,  4arrondissement, etc.) situés aux alentours de la rue de 40 mètres. Ces jeunes, garçons et filles, sont, pour la plupart d’entre eux, le produit de l’exode rural qui constitue de nos jours, un fléau social au Tchad.

Le CSSI renseigne que, ces jeunes vivent dans les quartiers périphériques de la capitale. Ils s’entassent souvent à plusieurs, garçons et filles parfois, dans une même chambre.

« On peut voir ces jeunes chaque matin, en petits groupes de 4 ou 5 personnes (les filles portant quelques fois des nourrissons sur leur dos)  marcher le long des grandes artères de la ville (principalement les avenues Taiwan, Mobutu,  la voie de contournement, etc.) en direction des quartiers Nord et Nord Est de N’Djaména », décrit l’étude du CSSI appuyé par l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la Population).

Le souci à travers cette étude est d’explorer les connaissances, attitudes et pratiques en matière de la Santé de la Reproduction des « fonctionnaires » de la rue de 40.

Finalement, renseigne le CSSI, les connaissances, aptitudes et pratiques des « fonctionnaires de la rue de 40 » en matière de santé de la reproduction de ces personnes, sont limitées. L’étude montre que, les fonctionnaires de la rue de 40 sont très jeunes et très vulnérables compte tenu de leurs conditions de vie. Ils vivent, en fait dans la précarité et promiscuité.

« Ces jeunes gens vivent en général dans des concessions avec des personnes plus âgées. Par conséquent, les programmes et projets qui pourraient être mis en œuvre à leur profit devront aussi bénéficie à leur entourage », souligne l’étude.

Les résultats de cette étude démontrent une certaine méconnaissance du groupe cible,  qui ne  fait pas l’objet d’un programme santé spécifique au niveau de la ville,  sur les questions liées à la santé de la reproduction. Cette méconnaissance se justifie par leur niveau d’instruction en moyenne très bas et leur exclusion des autres groupes de la société. Les approches à adopter dans le futur pour ce groupe cible sont entre autres, des plaidoyers en leur faveur auprès des décideurs et des ONG/Associations, des services en santé de la reproduction à leur offrir à travers les ONG/Associations de terrain en collaboration avec les structures sanitaires des zones de responsabilité sanitaire  dont dépendent ces « fonctionnaires de la rue de 40 ».