Quand Vladimir Ilich Lénine affirmait au début du siècle dernier que «Le pouvoir soviétique, c’est l’électrification de tout le pays» , il était convaincu d’une chose: pour transformer la vieille Russie des Tsars en un Etat moderne, il fallait donner au pays son indépendance énergétique. Et il l’a fait avec ses braves Moujiks. A coup de pioches et de pelles, il a érigé des barrages sur des nombreux cours d’eau que compte la Russie et a amené l’électricité dans les dernières isbas perdues au fin fond de la Sibérie. Au Tchad cinquante ans après l’Indépendance, dix ans après l’exploitation du pétrole et avec d’immenses potentialités en énergies renouvelables, le pays végète toujours dans l’obscurité. Loin d’être un bien partagé entre tous, l’électricité est un luxe qui reste l’apanage de quelques grandes villes et des nantis. Au XXIe siècle, l’on s’émerveille toujours au Tchad quand l’électricité revient dans les maisons. La lampe tempête devenue une pièce rare de musée fait encore recette chez nous. Fatigués des interminables coupures d’électricité et des délestages, les ménages se sont équipés de groupes electrogènes . Et toute l’année, c’est au rythme des ronronnements de ces groupes bruyants et polluants que tout le pays roule. Un jour, comme dans un conte de fée, les Chinois sont venus, ils ont généreusement offert une mini-raffinerie au pays de Toumaï. Alors, les gouvernants de ce pays nous ont annoncé que les prix exorbitants des carburants n’est plus que de l’ordre du passé et que des beaux jours nous attendent. Quel gros mensonge! A peine quelques mois et le prix du carburant est revenu à l’initial. Et aujourd’hui, le litre de l’essence plafonne les 500 F CFA. Ensuite, ces mêmes amis Chinois ont remis clé en main l’usine de cimenterie de Baoré, une première au Tchad depuis les temps coloniaux, avec comme mode d’emploi: “faites-en bon usage pour que les Tchadiens y trouvent leur compte”. Le Chef de l’Etat lui-même, la main sur le cœur avait promis à ses compatriotes qu’il veillerait personnellement pour que le ciment de Baoré soit à la portée de chaque Tchadien. Encore un bluff de plus. Son ministre du Commerce vient enfoncer le clou en libéralisant par un arrêté ministériel le prix du ciment made in Tchad. Ce qui livre mains et pieds liés les consommateurs à la merci des commerçants véreux qui jouent sur la spéculation. Ces mêmes pompeuses déclarations ponctuées de promesses fallacieuses repris à chaque séance inaugurale des grands travaux nous ennuies car ce qui s’en suit est souvent décevant. Il y a deux semaines lors de l’inauguration de la mise en exploitation du réseau de distribution de la ligne de trans – mission haute tension Djermaya- NDjaména, le ministre des Infrastructures avec une grande fierté, a annoncé à ses compatriotes que c’en est fini des «années noires» . Et que délestages intempestives et autres coupures intempestives ne seront plus que des mauvais souvenirs. Hélas ! Depuis lors, nous ne sommes pas sortir du cycle infernal des délestages et autres coupures en ce temps de forte chaleur. En effet n’est Prométhée qui veut. quand on n’en a pas le pouvoir on se tait. La liste de ces projet sensés sortir le Tchad de la misère est longue. Nous pouvons aussi nous interroger de savoir où en est-on avec la fameuse fibre optique? Si certaines hautes sphères de l’Etat en bénéficient, le citoyen moyen n’en n’a pas vue l’ombre depuis son avènement. Les Tchadiens n’ont pas besoin de discours creux et en ont assez des vagues promesses sans lendemain. Ils veulent du palpable du concret. On ne peut prétendre diriger un pays et mentir effrontément tout le temps à un peuple.

La Rédaction

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