(New York) – Le gouvernement du Tchad devrait arrêter Abdelrahim Mohammed Hussein, leministre de la Défense soudanais, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Il est attendu à une conférence au Tchad les 25 et 26 avril 2013, d’après les médias.

Hussein est recherché par la Cour pénale internationale (CPI) après avoir été accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis au Darfour, où il avait occupé le poste de représentant du président soudanais dans la région en 2004, en plein conflit. La CPI avait émis un mandat d’arrêt contre Hussein le 1er mars 2012, et il semble que ce soit la première fois qu’il voyage à destination d’un pays membre de la CPI.

« Le Tchad devrait se montrer solidaire des victimes du Darfour et arrêter Hussein, au lieu de l’accueillir sur son territoire », a déclaré Elise Keppler, conseillère juridique senior à Human Rights Watch. « Il s’agit d’un fugitif recherché par la justice par rapport à certains crimes atroces commis au Darfour. »

En tant que membre de la CPI, le Tchad a l’obligation de coopérer afin de garantir la remise des personnes recherchées par la Cour. Le Tchad a déjà permis au président soudanais Omar El Béchir, également sous le coup d’un mandat d’arrêt pour ses crimes au Darfour, de visiter ce pays à deux reprises.

Le Tchad a soutenu qu’en accueillant El Béchir, il ne faisait qu’appliquer une décision de l’Union africaine (UA) appelant les gouvernements africains à ne pas coopérer à son arrestation. Toutefois, sur le plan du droit international, les décisions de l’UA ne peuvent effacer les obligations du Tchad en tant que membre de la CPI. De plus, la décision de l’UA ne s’applique pas aux suspects soudanais autres qu’El Béchir.

« Si le Tchad essaie de se cacher derrière l’Union africaine pour ne pas arrêter le ministre de la Défense soudanais, c’est un argument qui ne tient pas debout », a déclaré Elise Keppler. « L’UA n’a jamais appelé à protéger Hussein contre toute arrestation. »

D’autres pays africains qui sont membres de la CPI – notamment l’Afrique du Sud, le Malawi, le Botswana, la République centrafricaine et la Zambie – ont clairement annoncé qu’El Béchir serait arrêté s’il entrait sur leur territoire, ou ont annulé des visites qu’il avait prévues dans leur pays.

En mars et en avril, le Tchad a reporté deux autres visites prévues par El Béchir, dans un contexte de protestations publiques et d’inquiétude diplomatique suite à l’annonce d’un tel voyage.

La société civile africaine s’est indignée des voyages effectués par les personnes recherchées par la CPI sur le territoire de pays membres de la Cour, et les a appelés à arrêter ces suspects pour qu’ils soient jugés par la CPI.

« Sur tout le continent africain, la société civile a inlassablement appelé les gouvernements africains à remettre les suspects à la CPI », a déclaré Elise Keppler. « Le Tchad a fait un pas dans la bonne direction en évitant de donner suite aux visites prévues par El Béchir en mars et avril. »

 

Source : Human Right Watch