Tous les habitants des villes, villages, féricks, et autres campements du Tchad réunis n’occuperait que 0,2% du territoire national. Pourtant, 80% des différends en justice seraient liés au foncier. Pourquoi alors ? 

Beaucoup de citoyens accusent les agents de cadastre et autres d’opérer des attributions clandestines de leurs terrains à des personnes nantis garce à des tripatouillages.  Alors que les attributions de terrains en milieu urbains sont effectuées par la Commission d’Attribution de Terrain en Zone Urbaine (CATZU). Elle est présidée par le directeur général du ministère de l’Aménagement du Territoire, du Développement de l’Habitat et l’Urbanisme et le secrétariat est assuré par la Mairie de la ville de N’Djamena.

Affectation et régularisation des parcelles

L’aménageur-urbaniste en chef et directeur général du ministère de l’urbanisme, Alaina Yacoub Possey explique normalement, sur le terrain, les techniciens de son ministère exécutent les plans d’urbanisme, notamment le plan de lotissement ou de restriction élaboré et adopté par la CATZU.

D’après lui, lorsqu’il est constaté, au moment de l’élaboration du plan, des occupations respectant les modes d’utilisation des sols en République du Tchad, les parcelles qui ne souffrent pas d’occupation sont recensées. Et les occupations qui font l’objet d’occupation coutumière sont soumises à la commission d’attribution de terrains. Les parcelles non occupées sont affectées aux demandeurs et celles occupées et recensé sont régularisées par la CATZU aux noms des occupants coutumiers. Pour la restructuration de zones déjà dansement occupées, précise M. Alaina Yacoub Poussey, les intéressés adressent leur demande de bornage à la mairie, qui délivre des attestations de reconnaissance à présenter aux délégués des quartiers.

« La mairie constate la parcelle et mène des enquêtes pour s’assurer. Ensuite, elle nous transmet un procès-verbal dressé entre le délégué de quartier et l’intéressé. C’est à ce moment-là qu’un technicien descend sur le terrain pour effectuer le bornage. Mais, je ne peux pas dire si ces agents sont accusés à tort » informe-t-il.

Chacun veut être propriétaire terrien

Au Tchad, soutient-il, chacun veut être propriétaire terrien parce que c’est une fierté culturelle. En plus, selon lui, les gens ont compris que dans la terre, on peut faire du commerce, de la spéculation, du blanchiment d’argent, des placements. Chacun est prêt à avoir et à mourir pour la terre qu’il a acheté.  M. Alaina Youcoub Poussey constate que dans leur travail, où les tentations sont monnaie courantes, les agents de cadastres se retrouvent entre le marteau et l’enclume.

La solution

Pour trouver une solution à tous ces problèmes, M. Alaina Youcoub Poussey indique qu’il faut d’abord une prise de conscience et la fermeté dans l’exécution des décisions, en rendant, par exemple les documents d’urbanisme contraignants et en instaurant l’autorité de l’État. Il est inacceptable que de nos jours, des gens viennent prendre le gendarme accompagnant des agents sur le terrain et le froisser. « L’urbanisme étant aussi une politique volontariste, tant que vous n’avez pas la population avec vous, quel que soit l’argent que vous allez investir, vous aurez des difficultés » propose le directeur du ministère de l’urbanisme.

Avec Le Progrès