N’DJAMENA, 8 mars (Xinhua) — La dépression de Bodelé, dans le désert de Djourab, dans le septentrion tchadien, est la principale source de poussière dans le monde, transportée par le vent jusqu’en Amérique du Sud, notamment en Amazonie, selon les résultats d’une étude réalisée par trois chercheurs américains et britanniques à partir de 2005.

“Une partie de cette poussière, durant son parcours, tombe dans l’océan Atlantique et par sa composition, contribue aux nutriments indispensables des phytoplanctons”, a déclaré à Xinhua Pr Martin Todd, paléontologue. Cette poussière est composée d’éléments minéraux qui participent à la fertilisation du bassin forestier de l’Amazonie considéré comme le “poumon de la planète”.

Selon Pr Martin Todd, sur le plan météorologique, les vents de sable du désert, incluant ceux de la dépression de Bodelé, participent au refroidissement de la température au niveau planétaire, favorisent la pluviométrie et atténuent les cyclones.

Pr Richard Washington, lui aussi paléontologue, a mis en exergue le rôle que le Tchad joue dans l’équilibre de l’écosystème mondial.

Selon ce chercheur américain, la dépression de Bodelé est une offre non négligeable du Tchad pour l’équilibre du bassin forestier amazonien par sa fertilisation, tout comme pour l’océan à travers les nutriments qu’elle offre à ses micro-organismes.

“Le phytoplancton est enfin pour le climat par le voile de couverture qu’elle induit, protège de la chaleur directe des rayons solaires et favorise la pluviométrie”, a-t-il expliqué.

La dépression de Bodelé est considérée comme l’endroit le plus poussiéreux du monde.

Cette zone de basse plaine est une dépression géographique située au nord du Tchad dans la région de Borkou, plus précisément entre Faya-Largeau et Kouba Olanga.

C’est dans le désert du Djourab, à 800 km au nord de N’Djaména, capitale du Tchad, qu’a été découvert, le 19 juillet 2001, le plus vieil hominidé révélé à ce jour (plus de 7 millions d’années).

Bodelé est, par ailleurs, le point le plus bas du Tchad et la partie la plus profonde de l’ancienne mer paléo-tchadienne. Elle constitue la source de tempête de poussière la plus importante du monde.

Selon les trois chercheurs, en dix jours, la poussière de Bodelé peut être transportée du Tchad vers le bassin amazonien.

“Nous avons des instruments pour mesurer la vitesse du vent et sa direction. Les images satellitaires peuvent bien voir le phénomène”, a indiqué Pr Richard Washington. Les vents forts forment des dunes.

Les caractéristiques de la dépression de Bodelé et ses conséquences sur l’environnement mondial est qu’elle emporte 120 millions de tonnes par an et représente 20% de la poussière dans le monde.

En dépit des problèmes de santé publique qui se manifestent par les maladies respiratoires pendant la saison sèche, le trio des chercheurs justifie l’utilité d’une telle recherche dans plusieurs facteurs.

La poussière nourrit l’écosystème mondial, les océans et les forêts et enrichit le sol et le sous-sol. Elle permet également de réduire l’effet de serre en rendant le climat doux. Elle peut enfin fertiliser l’écosystème océanique et terrestre sur l’Afrique, l’Atlantique et l’Amérique du sud.

La conséquence immédiate, si la poussière de Bodelé arrêtait de se soulever, est que les animaux aquatiques seront privés de fer, de phosphate et de potassium. L’autre conséquence sera l’accélération du réchauffement climatique.

“Cette contribution notable de la dépression de Bodelé, provenant de l’Afrique et précisément du Tchad, pour la planète est peu connue du monde entier”, a indiqué Pr Charlie Bristow, géologue.

Ainsi, l’équipe de chercheurs accompagnera le ministre tchadien de l’Environnement à Cancun en Mexique pour défendre ce dossier au prochain sommet mondial pour l’environnement prévu pour le mois de mai 2014. Fin