Le 28 novembre, anniversaire de la proclamation de la République du Tchad est désormais consacré par décret N° 1341  du 17 novembre 2011, à la célébration de la journée de prière pour la Paix, la cohabitation pacifique et la concorde nationale. En prélude à cette journée, une conférence-débat a été organisée au centre AL Mouna pour faire l’état de lieu de la cohabitation pacifique au Tchad.

C’est un panel composé des leaders  religieux des trois confessions religieuses et d’un universitaire et politologue qui s’est relayé pour dresser un bilan de la cohabitation pacifique au Tchad.

Pour les leaders religieux à savoir monseigneur Edmond Djitangar Goetbé, archevêque de N’Djaména, Cheick Abdeldaïm Abdoulaye, secrétaire général du Conseil Supérieur des Affaires  Islamiques et Révérend pasteur Soïna Potifar, secrétaire Général des Ententes  des Eglises et Missions  Evangéliques au Tchad ont soulevé l’effort que les trois confessions religieuses ont réalisé pour la cohabitation pacifique au Tchad. Ils ont affirmé qu’avec la création de la Plate forme interconfessionnelle, les leaders ont créé un véritable espace de cohabitation entre les fidèles des trois confessions religieuses.

Nous pouvons citer, les prières communes  entre les différents fidèles, le partage des repas entre musulmans et chrétiens lors des grandes fêtes religieuses (chrétienne et musulman), les visites dans les lieux de prières (mosquée et Eglise) ainsi que les assistances lors des moments de joie et de malheur. Ces nombreux gestes combien illustratifs entre les leaders religieux présagent un bon vivre ensemble. Mais malheureusement cela se limite entre les grands leaders religieux. Dans les provinces, on constate également une bonne cohabitation entre les leaders religieux et leurs fidèles.

Pour le juriste, politologue et enseignant chercheur, Professeur Ahmat Mahamat Hassane, il estime que beaucoup reste à faire pour que les tchadiens cohabitent normalement. Car, leurs comportements dans les marchés, les grands centres commerciaux, les lieux de travail et autres lieux publics sont teintés d’une hypocrisie notoire. Cette cohabitation ne se fait que du bout des lèvres et ne demeure qu’une réalité au niveau des leaders religieux. C’est pourquoi, le professeur Ahmat Mahamat Hassane interroge les leaders sur ce qu’ils enseignent vraiment à leurs fidèles. Entre l’enseignement tirés des livres saints et ce qu’ils font, c’est le jour et la nuit. Il interpelle vraiment les leaders religieux à prendre avec sérieux cette remarque pour améliorer davantage le Vivre Ensemble au Tchad.

Toutefois, les leaders religieux ont fait remarquer que c’est un progrès qu’il ne faut pas négliger si déjà les trois confessions religieuses arrivent à s’entendre pour mener des actions communes pour la Paix. Ce geste est hautement apprécié au-delà de nos frontières devaient ils renchérir. Le Tchad est cité aujourd’hui comme un exemple dans le domaine de la cohabitation pacifique à travers ses structures mises en place. C’est encore le début d’une aventure, donc il faut de la patience car, il s’agit d’un changement de mentalité et à ce titre, elle s’inscrit dans la durée.

De toutes les façons le processus de la cohabitation pacifique est enclenché pour le bon vivre ensemble au Tchad, il est donc question de préserver les acquis de cette cohabitation malgré les injustices, les humiliations et le favoritisme constatés çà et là.