SPORT- L’athlétisme féminin tchadien est l’une des disciplines qui a longtemps fait retentir le tricolore national en Afrique et dans le monde. Ce succès ne s’est pas inscrit pas la durée à cause d’un certain nombre de facteurs. Aujourd’hui, le volet athlétisme feminin de la Fédération tchadienne d’athlétisme (FTA) est en pleine reconstruction. C’est ce qu’explique le Secrétaire général de la FTA, “Ouya Bourma Malato, dans une interview accordée à Tchadinfos.


Comment se porte l’athlétisme féminin tchadien ?


L’athlétisme se porte bien malgré les divergences avec le ministère de la Jeunesse et des Sports.

Pouvez-vous nous faire un aperçu sur l’historique de l’athlétisme féminin tchadien?

L’athlétisme féminin au Tchad est partagé entre 5 époques (Après l’indépendance, années 1980, années 1990, année 2000 et années 2010 jusqu’à nos jours). L’époque allant des années d’après indépendance avec les championnes telles que Koulley Bani, qui ont fait la fierté du Tchad aux Jeux africains de Brazzaville ainsi qu’aux jeux de l’Afrique centrale. Le Tchad en ce temps brillait à travers ces athlètes filles qui venaient de l’intérieur du pays notamment de Sarh, Laï et Amtiman. C’était pour faire les études à N’Djamena. Et c’est ainsi qu’après cette époque, au milieu des années 1980, l’époque des championnes comme Samira Iye, Haoua adoumbeye, Adama Perkissam et autres à continuer jusqu’aux années 1990 où elles ont brillé dans les jeux africains et les compétitions sous régionales. C’est à partir de ces années que les quelques rares qui ont continué ont fait la fierté du pays mais la médiatisation n’était pas à sa place. C’est pourquoi des championnes comme Adama perkissam, Samira Iye Christine, Achta Béchir, Victorine Bayegue et j’en passe n’étaient pas très connues mais ont remporté des médailles pour le Tchad.

C’est à partir des années 2000 qu’une autre génération à pris le devant avec des réalisations aux Jeux de la Francophonie et au championnat d’Afrique avec Kaltouma Nadjina qui a remporté plusieurs médailles africaines. Elle a fait retentir l’hymne national. Et ce, au niveau international. après Kaltouma, le déclin de l’athlétisme féminin a jailli jusqu’à 2006 avec Hinikissia Albertine qui a fait retentir l’hymne aux Jeux de la Cen-sad. Apres ces Jeux, il faut préciser la participation adéquate et d’une maniere sporadique des filles qui s’inscrivent à l’athlétisme. C’est à cette période que survient la génération des Yvonne Djato, Kaddja ahmat, Bayegue Lucienne, Dembert Florence, Neloumta Blague , Haoua Lydie…Cette époque à duré jusqu’aux années 2016 où la Fédération voyant la non performance evolutive a décidé de revenir à la base et detecter les athlètes filles pour qu’elles integrent les centres de formation.C’est comme ça qu’en 2018, après une année de detection et d’entraînement, les espoirs comme Zenaba Abanga, Souraya Moustapha, Yanyam Allagombaye ont fait parler du Tchad aux Jeux africains de Rabat et Alger pour la jeunesse. Bibiro Ali Taher, qui évolue en France fait aussi parler d’elle et du pays. Il faut aussi noter que le Tchad a toujours été présent aux grands rendez-vous africains et mondiaux. C’est ainsi que les Baguepeng Rosalie, Kaltouma Nadjina, Adama Perkissam, Hinikissia Albertine, Bibiro Ali Taher ont été les athlètes femmes qui ont représenté le Tchad aux Jeux olympiques d’été et certaines au championnat du monde d’athlétisme. La détection a continué et c’est en 2019 où des pépinières découvertes dans les lycées et collèges de la capitale qui sont intégrées dans les centres de formation ont commencé à se livrer aux batailles des grandes. Puisqu’elles arrivent à s’arrimer dans les chronos des anciennes championnes. L’athlétisme féminin est promoteur dans ce sens.


Quelles sont les difficultés auxquelles font face les athlètes féminins?


Les difficultés de l’athlétisme féminin au Tchad reposent sur les pesanteurs sociaux, les filles tchadiennes ne se laissent pas dans la pérennisation de l’activité de la pratique du sport. Elles abandonnent très tôt, c’est pourquoi les générations se succèdent et le temps pour briller ne dépasse un quadriennal à moins que ces filles ne soient placées dans des centres à l’extérieur du Tchad comme ce fut le cas de Kaltouma Nadjina , Achta Yorassem et Hinikissia Albertine. En plus de cet abandon, il y a aussi la stigmatisation dont elles font face et le manque d’encouragement par les autorités. Il n’y a jamais eu des prix spéciaux et des activités orientées envers ces filles si ce n’est que la fédération qui les organise.


Quells solutions envisagez-vous pour remédier à ces difficultés ?


Comme solution, nous préconisons d’ouvrir des centres spéciaux filles qui sont déjà opérationnels; les encouragements par les autorités locales, les bonnes volontés pour placer les filles dans des centres de formation adéquates aux infrastructures complètes a l’extérieur. Les filles tchadiennes ont un potentiel athlétique naturel mais il n’y a pas de campagne de mention dans la mise en œuvre de leurs valeurs. Il faut une réadaptation et aussi préciser que c’est les filles qui viennent souvent des provinces qui font la fierté du Tchad dans les compétitions internationales, il y a de quoi les dénicher et les mettre à la disposition de la Fédération. Elles ont souvent été dénichées dans les écoles et ce, à travers les semaines de sport scolaire. La fédération a préconisé faire une caravane de détection nationale en 2021 pour lui permettre d’atteindre les défis de la renaissance de l’athlétisme féminin au Tchad.

Quels sont vos projets/défis à réaliser?

Les défis sont nombreux.
Parmi lesquels l’atteinte des objectifs de faire qualifier au moins un athlète aux grandes échéances mondiales à travers les minima de qualification. Comme projet, nous avons le DOA (Dividendes olympiques de l’athlétisme) 2020-2024 qui vise à inclure les activités de l’athlétisme dans un contexte de recherche de performance à travers un soutien de 30000 dollars. Il y aura l’achat d’un terrain pour la Fédération, la construction d’une piste cendrée, la détection des jeunes dans 10 provinces du pays, le regroupement national des élites et des espoirs en vue de préparer les grands rendez-vous. Il y a également l’achat des tickets de voyage pour une participation régulière du Tchad aux différentes compétitions.

Un mot de fin ?

L’annonce de la commercialisation de la Journée internationale du sport féminin au Tchad, ce 24 janvier a été une occasion saisie par la deuxième vice-présidente, Hadjé Samira de relater les difficultés que rencontre l’athlétisme féminin au Tchad. Pour elle, cette situation est due au manque de détection des meilleures par les maitres d’éducation physique dans les écoles, le manque de piste dans certains stades pour la promotion de ces filles… C’est un cri d’alarme que nous réitérons à l’endroit de nos autorités pour l’essor de l’athlétisme féminin tchadien.