REPORTAGE – À peine lancer, la nouvelle formule de production des titres sécurisés connaît des soucis dans son fonctionnement allant de l’arrêt d’émission des cartes d’identité nationales à la lenteur criarde du processus d’établissement des passeports.

Ce matin 3 février 2020, nous nous sommes immergé dans la cour du commissariat central où se déroule les formalités d’établissement des titres sécurisés. La cour est pleine de monde, mais les choses ne semblent pas rouler sur les rails. On peut voir des policiers aux mines inhabituelles et moins courtois dans leurs réponses aux renseignements venant des usagers.

Ces usagers, crispés et exténués, s’impatientent dans un long rang désorganisé, s’arrachent bec et ongles pour pouvoir rentrer dans la grande de la Direction d’émission des passeports informatisés où doit se passer le dépôt de dossier et le filmage. “C’est depuis 8h que je suis ici mais rien ne bouge. S’il n’y a rien comme passeport, dites nous que de nous laisser rester sous le soleil“, lance l’un d’eux, tout furieux.

Pour ce qui est de la production des passeports, le service est opérationnel, sauf sa lenteur qui est intenable pour les demandeurs. L’entrée en salle n’est pas organisée. Certains demandeurs, découragés, claquent la porte. Difficile de savoir ce qui bloque la fluidité de l’opération de filmage, qui donne suite à l’établissement du passeport. L’établissement qui lui aussi a son délai de production.

Dans cette ambiance de colère et déception, un policier sort de la grande salle pour mettre un peu de l’ordre. ” Vous savez, c’est une nouvelle méthode que nous sommes en train de mettre en marche. Tout début n’est pas facile. Comprenez-nous s’il vous plaît. Tout le monde sera servi. Respectez simplement nos consignes et ça va aller ” tente t-il de rassurer les usagers mécontents. “Sinon pour les cartes d’identité nationales, c’est impossible actuellement. Ceux qui en veulent doivent rentrer. On vous informera quand ce sera opérationnel“, conclut le policier avant de quitter le lieu. Nos tentatives pour connaître les raisons de la non opération ont été vaines.

Rappelons que par le passé, le service d’établissement des pièces d’identité était rattaché à la direction de l’immigration et de migration qui est au sein du commissariat central de N’Djamena. Face aux multiples problèmes qu’a connu ce dernier, une agence dénommée Agence nationale des titres sécurisés (Anats) a vu le jour fin janvier afin d’assurer de manière indépendante l’établissement des pièces d’identité. Lors du lancement de cette agence, son directeur a promis haut et fort qu’il y aura de grands changements. Mais ce changement ne s’est pas encore opéré pour l’heure.