Vaciller ou disparaître de l’échiquier politique. C’est l’inévitable sort de beaucoup de partis politiques après la mort de leur président-fondateur. Au Tchad, quelques-uns ont été déjà confrontés à pareille situation. En sera-t-il de même pour le Mouvement patriotique du salut (MPS) qui a perdu son président le 20 avril dernier ?

Ces partis sont généralement condamnés à une mort lente à la suite du décès du président-fondateur. Même ceux qui ont un ancrage important sur le plan national. Nous sommes en 2011, le président de l’Union pour le renouveau et la démocratie, le général Wadal Abdelkader Kamougué est mort. Le parti fait son deuil. Le fils du défunt, Éric Kamougué débarque et revendique la direction de l’URD. Les cadres du parti s’opposent à sa demande. Une guerre de succession éclate. En fin de compte, la Justice tranche et Éric Kamougué est débouté. Le fils du défunt et ses partisans quittent l’URD et créent leur propre composante politique dénommée l’Union pour la République démocratique du Tchad (URDT) en juin 2016.

L’URD de Wadal Abdelkader Kamougué n’est pas le seul parti au Tchad a vacillé après la mort de son leader. Ce fut aussi le cas du Parti action pour la République, la démocratie et le développement (ARD) de Mbailaou Naimbaye Lossimian. A sa mort, Abdoulaye Mbodou Mbami est élu président en 2012. Mais quelques années plus tard, la fille du président-fondateur, Alix Naimbaye exprime le vœu de prendre la tête du parti. Aussitôt, la jeune dame se heurte à Abdoulaye Mbodou Mbami. Un interminable bras de fer entre les deux challengers est né. Scénario presque similaire au sein du Cap-Sur de Joseph Dadnadji, décédé le 31 décembre 2019. Un président est élu l’année dernière après de vives oppositions internes. Ces guerres intestines fragilisent le parti. Le parti fait même déjà parti du passé pour beaucoup d’observateurs de la scène politique tchadienne.

Quid du Mouvement patriotique du salut (MPS)? Depuis la mort du président-fondateur du parti, Idriss Deby Itno, aucun de ses fils n’a souhaité  publiquement prendre les commandes du parti. Au siège du Mps, le débat tourne autour de l’organisation du 10ème congrès extraordinaire du parti convoqué par la secrétaire générale première adjointe, Ruth Madjidian Padja. Objectif : redynamiser le parti en vue des échéances à venir. Mais la convocation du congrès a retenti comme un pavé dans la mare. Elle n’est pas bienvenue pour certains de ses membres, pas des moindres, notamment, le secrétaire général du parti, Mahamat Zen Bada. Lui, depuis la capitale française, où il se trouvait, sort une décision pour annuler le congrès. Il dit ne pas être consulté. Comme lui, d’autres caciques du parti rejettent ouvertement ou discrètement cette rencontre prévue les 12 et 13 juin prochain, une première après le décès du président Deby.

L’affaire devient virale sur les réseaux sociaux. Des internautes tchadiens pronostiquent l’éclatement du Mps. Pour eux, ces bisbilles internes au parti seraient des éléments déclencheurs de la dislocation du Mps qui a dirigé le Tchad durant plus de 30 années.  D’une voix ferme, le porte-parole du parti, Jean-Bernard Padaré martèle que “rien ne pourra diviser le pouvoir car nous sommes plus que jamais soudés“.