Reportage- Le confinement de la ville de N’Djaména, instauré pour des raisons de sécurité sanitaire selon le gouvernement, touche particulièrement les sinistrés du camp de Toukra, à la périphérie sud de la capitale.

Toukra dans le 9e arrondissement de N’Djamena. À la descente du goudron qui mène vers le sud du pays, un vent poussiéreux souffle. Des tentes des sinistrés bougent au rythme du vent. D’un geste rapide, certains essayent de maintenir le toit de la tente qui les abrite. Elysée, lui, n’a pas pu se lever sous sa tente en lambeau. “Cela fait quatre jours qu’il est couché. Il ne veut pas sortir car son patron lui a dit de cesser le travail“, nous informe son petit frère, assis à côté de la tente. En effet, Elysée exerce le métier de maçon pour gagner sa vie. Mais depuis le confinement de la ville de N’Djamena, ce père de famille se retrouve à la maison. Il est découragé.

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Nous nous sommes rapproché du quadragénaire. Au sujet du renforcement des mesures, l’homme ne cache pas son mécontentement. “Quelle mesure?“, s’interroge Elysée assis presqu’au sol. “Nous sortons chaque matin pour nous rendre en ville travailler afin d’assurer la pitance journalière. Et maintenant qu’ils ont décidé de tout fermer, nous allons mourir de faim, de maladie”, alerte-t-il. “Nous n’avons qu’un seul centre de santé qui fonctionne difficilement“, ajoute-t-il.

Tout ce que le gouvernement fait, nous ne comprenons rien. Nous nous confions à Dieu pour le reste de ce qu’il arrivera”, se résigne Elysée.

“Assistance sélective”

Il y a quelques jours, le gouvernement, par l’intermédiaire du ministère de la Santé et de la Solidarité nationale, a lancé un appel aux personnes vulnérables d’aller se faire enregistrer afin de bénéficier des vivres. Cet appel sonne comme un divertissement pour les sinistrés. “Nous n’avons personne sur qui compter. On a tout vu quand nous avions emménagé ici au début”, se souvient Elysée.

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Pour les sinistrés, le partage des vivres a été toujours une affaire floue. “On nous a enregistré en nous donnant des tickets. Mais quand les vivres arrivent, nous qui avions des tickets sommes écartés. C’est des personnes venues d’ailleurs qui en profitent et mettent chez elles”, nous confie l’épouse d’Elysée, amère.