FORMATION – Au campus universitaire de Toukra, les nouveaux étudiants sont soumis au bizutage par les anciens à chaque rentrée académique. Pourtant l’administration rectorale interdit cette pratique.  

Il est 9h, nous sommes au campus universitaire de Toukra, sous un vent léger où il fait beau temps. Au point d’arrêt des bus universitaires, des vrombissements des moteurs des engins se font entendre. De l’autre côté du décanat, des accolades et bruits des étudiants en signe des retrouvailles des uns, et une manière de bavarder pour les autres.

A proximité, se trouve un petit marché où sont regroupés quelques étudiants. Certains avec des sifflets, d’autres ont des bidons d’eau. Un instant, des coups de sifflets retentissent accompagner des cris et donnent une ambiance juvénile à ce lieu. <<De l’eau, de l’eau, il y a un bleu>>, lance l’un des étudiants du groupe en indexant un autre qui semble être une nouvelle recrue.

Aussitôt, les autres débarquent avec des bidons, gobelets et autres récipients contenant de l’eau. Dans un air de panique totale, le nouvel étudiant se résigne et se fait arroser d’eau. Après avoir vidé les récipients les baptiseurs se réjouissent et lancent des rires moqueurs en poursuivant leur chasse aux nouveaux. Dans cette ambiance universitaire les nouveaux sont appelés << bleus et doivent se plier aux ainés >>.

Le bizutage ou « baptême » se fait sur ce campus à chaque rentrée académique. << C’est une initiation pour familiariser les nouveaux avec les anciens et les amener à ne pas avoir froid aux yeux>>, explique un ancien étudiant rencontré sur le lieu.

Hormis le campus de Toukra, ce bizutage se fait aussi sur d’autres sites universitaires de N’Djamena. Pour un étudiant en Sociologie << cela fait partie des rituels de la fac >>. Pourtant chaque année, au début de la rentrée, les doyens sortent des notes pour interdire le bizutage pratiqué sur les nouvelles recrues mais le phénomène semble être têtu.

Djimhodoum Serge