Chaque année des milliers élèves tchadiens obtiennent leur baccalauréat, un parchemin qui leur ouvrira les portes des études supérieures. Cette année, sur les 28.000 élèves ayant obtenu le bac tchadien, plus d’1/3 sont des nationaux. Mais que feront-ils avec ce diplôme qualifié dans le milieu des jeunes comme un Billet d’Accès au Chômage (BAC) ?

Au Tchad, entrer au CP1 et finir au moins le premier cycle universitaire est un véritable jeu de puzzle pour les élèves. Cette chance n’est pas donnée à tout apprenant tchadien. Après l’euphorie qui a succédé les résultats du baccalauréat de 2015, il y a de quoi déchanter. Ces heureux admis auront de la peine à bénéficier d’une formation supérieure offerte par l’Etat. Car, la capacité d’accueil des universités et instituts publiques du Tchad est minime. Pour dire vrai,  tous ces admis au bac 2015 ne pourront pas être retenus dans les différents instituts universitaires, écoles normales et universités étatiques. Quel qu’en soit le nombre de ces différents centres de formation que le Tchad de la Renaissance se targue d’en offrir aux Tchadiens, ils ne pourront admettre tous ces lauréats. C’est à ce niveau que le désespoir gagne les esprits. On se retrouvera avec des milliers de jeunes qui resteront au quartier à ne rien faire. A cela s’ajoute ceux des années précédentes qui n’ont pas pu s’inscrire dans une  université quelconque et les diplômés sans emploi. L’Etat doit chercher à résoudre ce problème qui évolue à grand pas.

Si dans certaines familles, l’on s’active à obtenir une bourse d’études à sa progéniture, dans d’autres, au risque d’attirer la foudre sur soi, il ne faudra même pas prononcer ce mot. Car, il faut appartenir à une certaine classe sociale pour en bénéficier. Elle n’est plus accordée sur les critères d’excellence. Mais, ce sont les privilégiés qui en profitent. Le plus souvent, elle est accordée à certains élèves ne remplissant pas les critères. Alors les bacheliers se perdent dans le dédale du népotisme. La pauvreté aidant, certains parents seront dans l’incapacité d’envoyer leurs enfants dans les universités étrangères afin de poursuivre les études. Même étant fonctionnaires, certains seraient dans l’incapacité d’offrir ce luxe à leur progéniture tant les salaires peinent à être payé et la cherté de vie qui tient les ménages au cou. Certains élèves se retrouveront à la maison par manque des places dans les universités et le manque des moyens financiers pouvant leur permettre d’étudier à l’étranger.

Pour pallier au nombre insuffisant des universités et instituts universitaires publiques, des particuliers se sont lancés dans le commerce de la formation en créant à la pelle des centres d’enterrements des jeunes en lieu et place des établissements d’enseignement supérieur. L’Etat par son incapacité d’absorber ces jeunes qui veulent bien poursuivre leurs études a  cru bon de donner  quitus aux particuliers de créer des instituts et universités afin de contenir les élèves qui ne sont admis dans une université quelconque. Mais, c’est mal connaitre les fondateurs de ces établissements qui ne pensent qu’aux bénéfices qu’ils pourront engranger sans toutefois songer à recruter des enseignants qualifiés pour le besoin de la cause. Ainsi, l’Etat a ouvert la brèche à ces commerçants véreux de créer des usines à cancres.

Le plus grand perdant dans ce jeu triste est l’Etat. La paralysie que connait l’administration tchadienne à l’heure actuelle est la résultante de cet état de chose. Les élèves issus des familles modestes sont inscrits dans ces instituts privés qui pullulent le pays tout entier à coût des centaines de millier de nos francs pour une formation au rabais. A peine fini, ils prennent d’assaut les ministères et certaines directions. Les uns, intégrés à la fonction publique, les autres, des contractuels ou décisionnaires, tous font la pluie et le beau temps. Ils infestent ainsi l’administration  et sont l’une des principales causes de la lenteur administrative tant décriée par les usagers des services publiques.