Le gouvernement tchadien vient de lancer un projet de production locale d’aliments nutritifs. Le projet conjoint de trois ans (2016-2019), lancé ce jeudi 17 novembre 2016, sera exécuté par les agences des Nations Unies (FAO, OMS, PAM, UNICEF) en lien avec les partenaires du gouvernement tchadien.

Avec le projet “Production locale d’aliments de complément fortifiés” (ou PRO-FORT), une approche intégrée innovante sera mise en place pour améliorer l’accès, la disponibilité et l’utilisation d’aliments de complément à haute valeur nutritive pour les enfants de 6 à 24 mois.

Au Tchad, cinq enfants sur six âgés de moins de deux ans ne consomment pas suffisamment d’aliments nutritifs pour leur âge, ce qui les prive de l’énergie et des nutriments dont ils ont besoin au stade le plus décisif de leur développement physique et cognitif. Au cours des cinq dernières années, il y a eu 183.663 décès d’enfants causés par la sous-nutrition, selon un rapport de l’UNICEF “From the First Hour of Life” (“Dès la première heure de vie”). Ces décès représentent 43% de tous les cas de mortalité infantile pendant cette période, limitant ainsi la capacité du pays à atteindre l’une des cibles des OMS relatives à la réduction de la mortalité infantile.

“Grâce à la contribution de l’Union européenne d’un montant de 5 millions d’euros, les agences des Nations Unies s’engagent, à travers ce projet, sur la voie de l’objectif Faim Zéro, classé numéro 2 parmi les Objectifs de développement durable fixés à l’horizon 2030”, a déclaré Mary-Ellen McGroarty, directrice du PAM au Tchad.

Cette nouvelle action vient en complément du 11ème Fonds européen de développement, à travers lequel l’Union européenne investira plus de 100 milliards F CFA (156 millions euros) au Tchad entre 2016 et 2021 pour lutter à long terme contre la malnutrition chronique.

L’ambassadeur-chef de Délégation de l’Union européenne au Tchad, Denisa-Elena Ionete, s’associe au PAM pour saluer la mise en œuvre de ce projet. “Nous nous réjouissons de pouvoir lutter contre la malnutrition tout en contribuant à poser les premiers jalons d’une chaîne de production, de transformation et de commercialisation d’aliments de complément fortifiés au Tchad. A travers ce projet, l’UE soutient la stratégie de développement du gouvernement tchadien”.

Trois régions pilotes ont été choisies pour la mise en œuvre du projet: le Mayo-Kebbi Est, le Mayo-Kebbi Ouest, au sud-ouest, et le Kanem au nord-ouest. Ces régions connaissent un taux de malnutrition chronique élevé, proche ou supérieur au seuil d’alerte de 30% fixé par l’OMS, tout en présentent des conditions favorables à la production agricole.

Les parties prenantes du programme conjoint PRO-FORT contribueront à la création d’un environnement favorable pour la production locale d’aliments de complément, au renforcement des capacités de production, de transformation et de commercialisation de farine enrichie, à la mise en œuvre d’une stratégie de marketing social pour promouvoir l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, et pour lutter contre la malnutrition infantile au Tchad.
Selon Mohamadou Mansour N’diaye, représentant du FAO au Tchad, ce projet vient aussi en soutien à la mise en œuvre de la Politique nationale de nutrition et d’alimentation et du Programme national d’investissement du secteur rural du Tchad. “La lutte contre la malnutrition est une composante des objectifs stratégiques de la FAO. A travers la production locale d’aliments de compléments (farine enrichie), conforme aux normes et standards internationaux, nous nous réjouissons de pouvoir améliorer l’accès, la disponibilité, la stabilité et l’utilisation des aliments de compléments à haute valeur nutritive pour les plus vulnérables, notamment les enfants de bas âges”, conclut-il.