Faute d’emploi, des jeunes diplômés se tournent vers la terre, mère nourricière, en plein N’Djamena. L’agriculture est devenue le plan B de ces chômeurs.

Travailler dans des institutions étatiques ou privées, telle est leur rêve sur les bancs de l’école. Mais à la fin du cursus scolaire, les rêves se brisent. Beaucoup de jeunes diplomés sont quelquefois surpris par le chômage. Ils sont déçus de ne pas trouver un endroit où exercer dans le cadre de leur formation. Très souvent, ils se désengagent de leurs serments pour faire carrière dans un autre domaine pour lequel ils n’ont reçu aucune formation. 

Contrairement à des milliers de jeunes chômeurs qui préfèrent s’adonner à l’alcool et aux jeux dans les coins des rues, certains se sont tournés vers l’agriculture. Depuis quelques années, ils sont de plus en plus nombreux à aller chercher des portions de terrain dans les périphéries de la capitale pour faire des cultures. Ces jeunes s’activent surtout en cette saison de pluie pour espérer des revenus favorables à la fin.

Nous sommes allés à la rencontre de Succès Le Grand à la sortie du quartier Walia dans le 9e arrondissement. La vingtaine révolue, Succès le Grand* est titulaire d’un master en génie civil, option mécanique. « En 2016, j’ai opté pour l’agriculture. J’ai sollicité un hectare dans un terrain appartenant à un général.  J’en ai fait un champ de riz. L’année suivante j’ai récolté près de 80 sacs. Je ne me vois pas en train de mendier. Je suis un jeune de fer, je me bats toujours pour ce que je veux », nous confie-t-il.

Djelassem lui aussi est détenteur d’un master en génie-civil, option route. « Je suis devenu un laboureur forcé, parce que ma formation n’a pas de revenu. L’Etat ne recrute pas les jeunes de mon domaine pourtant des routes doivent être aménagées et construites. Mon rêve ne s’arrête pas là, je ferai plus d’effort pour contribuer à l’économie nationale », se contente-t-il de dire.

Ces deux jeunes éprouvent, selon eux, des difficultés à avoir plus de revenus et souhaiteraient un soutien. Des tracteurs, des engrais et pourquoi pas des terres pour cultiver et récolter abondamment. Ils sont aussi la preuve que cette pratique permet à certains jeunes de s’en sortir et répondre au besoin de leur famille. Le président Déby en consacrant son mandat actuel au monde rural a interpelé à plusieurs reprise les Tchadiens à se consacrer à l’agriculture qui, pour lui, constitue constitue le pouvoir de l’économie nationale. Si aujourd’hui, des jeunes diplômés reviennent à la terre, ça ne peut-être qu’une fierté.