CIVISME – A Mongo dans la province du Guera, peu d’enfants sont déclarés à l’état civil. En 2015, seulement 7,8% d’enfants disposent d’un acte de naissance. Depuis lors, un travail de sensibilisation se fait avec l’Unicef et a permis que ce taux passe à 38% en 2020.

Pendant longtemps, Mahamat Adelil, habitant de la ville de Mongo, n’a pas fait établir un acte de naissance pour ses enfants dès la naissance. “Sur mes 17 progénitures, la plupart ne disposent pas d’acte de naissance”, reconnait-il. Les raisons : l’ignorance et le manque de moyens. “On n’a pas établi des actes de naissance par ignorance, mais aussi, faute de moyens. Pour qu’un enfant dispose de cet outil, on attend jusqu’à ce qu’il grandisse avant de le faire. S’il arrive à un certain temps où l’acte de naissance est exigé, ou s’il veut passer un concours, on sera obligé de le lui délivrer, ça se passe comme ça », raconte-t-il.

« Ces derniers temps, il y a une équipe qui était passée nous sensibiliser. Et partant de là, nous avons fait délivrer à nos derniers enfants. C’est à cet instant qu’on a su l’importance de l’acte de naissance et surtout sa gratuité. Même avec cette sensibilisation, ce ne sont pas tous mes enfants qui disposent de cette pièce. Pour ceux qui n’en n’ont toujours pas encore, ils vont continuer comme avant, jusqu’à ce qu’ils arrivent à un niveau où c’est exigé », poursuit-il.

De son côté, Haroun Hissein Hassan, père de 14 enfants, habitant la même ville, a pu établir des actes de naissance à ses enfants.

Au Tchad, peu d’enfants disposent d’acte de naissance. Il y a 4 ans, seulement 12% d’enfants avaient ce document. Cela s’explique souvent par le manque d’informations des parents autour de son importance. C’est le cas de Mahamat Adelil, père de 17 enfants, qui dit avoir été longtemps dans l’ignorance en ce qui concerne la délivrance de l’acte de naissance.

En 2015, seulement 7,8% d’enfants avaient un acte de naissance dans la ville de Mongo. Ce faible taux se justifie par l’ignorance des parents autour de cette problématique, affirme la déléguée de l’action sociale du Guera, Nekarnodji Dionbang Myriam. Mais elle apprécie l’effort de certains partenaires qui évoluent dans la logique du respect des droits de l’enfant. « Depuis que notre partenaire, l’Unicef est en train de nous appuyer dans ce sens, la situation est en train de changer. Parce que les thématiques que nous développons lors de nos formations et de nos sensibilisations dont l’enregistrement de naissance, ont commencé déjà à porter de fruits. Grâce à ces formations et autres, il y a eu de progrès remarquables. Aujourd’hui, nous sommes à 38% », se félicite-t-elle.

Dago Yacoub, gouverneur de la province du Guera, qui s’est confié à nous, avoue que le problème de la délivrance des actes de naissance dans ladite province est lié au manque de suivi. Le gouverneur déplore le comportement de certains agents d’enrôlement. « Dans certains sous-préfectures et départements, il y a des agents véreux. Au lieu de donner l’acte de naissance de manière gratuite, ils demandent en contrepartie de l’argent. Ça c’est interdit et si l’information arrive jusqu’à nous, nous n’allons pas l’accepter mais ça se fait parfois sous la table. Il arrive parfois ou il y a rupture des registres d’acte de naissance », nous renseigne-t-il.