Alors que la rentrée scolaire a été officiellement lancée le 15 septembre, le retour effectif en classe n’a toujours pas eu lieu dans la grande majorité des écoles.

Au total, près de 200.000 enfants affectés par les crises (à l’est, au sud et à l’ouest du pays) restent sans accès à l’éducation, selon le dernier rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Tchad, publié cette semaine.

Cette situation est notamment liée à la grève des enseignants, qui protestent contre le non-paiement de mois d’arriérés de salaires et la suppression des primes, ainsi qu’à la grève des maîtres communautaires, qui n’ont pas reçu leurs subsides depuis deux ans.

Au cours de l’année scolaire 2015/2016, ces grèves ont occasionné la fermeture d’environ 20% des écoles dans les zones d’urgence soit environ 26.000 enfants touchés dont 42% de filles. “Si aucune action n’est entreprise par rapport au paiement des enseignants communautaires, plus de 40% des écoles resteront fermées, ou au meilleur des cas, ces écoles pourraient fonctionner avec moins de 30% des enseignants requis à la rentrée scolaire 2016”, prévient le rapport d’OCHA.

Les cours ont toutefois repris dans certaines écoles, ainsi que dans les camps de réfugiés dans la région du Lac et à l’est, bien qu’avec des effectifs réduits.

Outre cette conjoncture, plusieurs problèmes structurels affectent le système éducatif tchadien, limitant ainsi les opportunités d’éducation, notamment pour les enfants affectés par les crises.

Du côté de l’offre, le manque d’enseignants formés limite la disponibilité et la qualité des services éducatifs. Selon l’UNESCO, le ratio élève par enseignant au niveau primaire au Tchad est de 96 élèves par enseignant formé, contre une moyenne de 53 en Afrique sub-saharienne.

Par ailleurs, les espaces éducatifs font défaut. Certaines infrastructures éducatives du pays sont particulièrement exposées aux catastrophes naturelles, telles que les inondations (30% des écoles, soit 552 écoles), pouvant entrainer des dégâts matériels et humains. Les fournitures scolaires manquent également. Selon l’UNESCO, environ 90% des élèves au Tchad doivent partager leurs manuels scolaires avec au moins deux autres élèves.

“Du côté de la demande, les ménages les plus vulnérables et en situation de crise n’envoient souvent pas leurs enfants à l’école, puisque l’enfant peut être une source potentielle de revenus et d’appui”, relève le document d’OCHA Tchad. D’autres barrières spécifiques peuvent s’ajouter, telles que la langue pour les réfugiés et certains déplacés, les déplacements cycliques pour les communautés des éleveurs nomades, ou l’accès physique pour les enfants en situation de handicap.

Des sessions de sensibilisation ont lieu afin d’informer les familles sur l’importance de l’éducation, notamment des filles. Par ailleurs, les cantines scolaires contribuent à stimuler la demande pour l’éducation et favorisent le maintien des élèves dans les écoles.

Les partenaires contribuent au recrutement, au paiement des subsides d’enseignants en situation particulièrement vulnérables, et à la formation des enseignants dans les zones en crise. Ils appuient également à travers la distribution de fournitures scolaires et la construction d’espaces temporaires d’apprentissage. Une approche innovante proposée par plusieurs partenaires est d’encourager la participation active des communautés affectées dans l’accès à l’éducation de leurs enfants afin d’assurer la durabilité de la réponse.

“Ces initiatives ne pourront être élargies qu’avec un soutien plus important de la part des bailleurs de fonds”, indique OCHA Tchad. Sur les six dernières années, le cluster éducation a en effet été constamment sous-financé, même si une amélioration est observée cette année par rapport aux années précédentes.

Les partenaires promettent de continuer de travailler avec le gouvernement pour la réussite de la nouvelle rentrée scolaire malgré les contraintes budgétaires.

Xinhua