Des jeunes en quête d’emploi, venant de l’intérieur du pays, connaissent une désillusion totale, au contact du marché précaire de l’emploi. Dans la capitale où dans certaines zones pourvoyeuses d’emploi, ils sont nombreux à être soumis à des traitements humiliants et dégradants. Une situation qui laisse perplexe plus d’un juriste ou militant des droits de l’Homme.

Tôt le matin, beaucoup de jeunes de la capitale longent les artères de la ville pour se rendre à leurs lieux de service. D’autres assis sous les arbres, jouent aux cartes, dans l’attente d’une opportunité. Plongés dans le désespoir, ils acceptent presque toutes les opportunités qui leur sont offertes, même celles venant de leurs bourreaux, ignorants du danger. Au jour le jour, des cas des jeunes mutilés sont enregistrés à N’Djamena. Lorsqu’ils sont emmenés en province, après avoir cédés à des promesses fallacieuses, leur situation devient dramatique. La radio Fm Liberté ne cesse de faire écho de ces cas de violation des droits de l’homme.

Pour le juriste Brahim Bechir, cette question est très préoccupante car, elle pousse à la réflexion selon laquelle, « sommes nous vraiment dans un Etat de droit ou pas ? ». En principe, dit-il, dans un Etat de droit, il est inadmissible que des atteintes aux droits de l’Homme de quelle que nature que ce soit et peu importe les personnes qui les commettent, puissent avoir lieu. D’abord, poursuit-il, ce travail qu’on leur propose est rabaissant parce qu’ils sont rémunérés sous le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). « Déjà à ce niveau, c’est une première façon d’être contre la loi. Il faut le dire, ces gens se retrouvent dans une situation de semi esclavage. La constitution tchadienne, l’acte qui fonde notre communauté nationale, interdit, condamne ces actes et appelle au respect de la dignité humaine. Il est également dit que la personne humaine est sacrée », soutient-il.

Brahim Bechir constate que des citoyens portent atteinte à la loi, car ils se sentent supérieurs à celle-ci. Face à cette situation, le juriste pointe du doigt le laxisme de l’Etat. Pour certaines personnes, avance-t-il, l’Etat n’existe pas, faisant le lien avec l’incident survenu au palais de justice. « L’Etat est parfois faillible face à la superpuissance de certaines personnes. Mais, il y a des personnes qu’il faut indexer. Il faut que les gouverneurs, les préfets, les procureurs et les juges prennent leur responsabilité », martèle le juriste

« Dans tous les pays, même les plus développés font face à un marché de travail de plus en plus concurrentiel. Il s’y développe également un chômage de plus en plus galopant. Ce n’est pas une question de marché de travail. Pourquoi il n’y a qu’au Tchad et dans des pays comme le Tchad que les gens profitent de cette situation de chômage généralisé pour faire subir ces actes à certaines personnes vulnérables en quête d’emploi ? Je pense que c’est une question de mentalité. Il y a des gens qui se croient plus valeureux, plus nobles que les autres », regrette-t-il.

Aujourd’hui, malheureusement, se désole-t-il, il nous faut beaucoup d’efforts dans la sensibilisation de nos concitoyens en matière des droits de l’homme. Même dans le coran, il est dit que Dieu a accordé la dignité à tout être humain. Au Tchad, Toutes nos croyances l’interdisent. Et de s’interroger, pourquoi malgré tout cela, certaines personnes croient que certains de leurs semblables sont moins humains ?

Nous sommes dans un milieu où beaucoup de jeunes diplômés et ceux du monde rural sont complètement exclus de notre système économique national. Il nous faut une vraie politique d’emploi. Il y a également une question de nomination aux postes de responsabilité. Parfois, ces autorités ont peur de certaines personnes quand il s’agit d’appliquer certaines mesures. Certaines autorités ne sont pas non plus sensibilisées sur la question liée aux droits de l’Homme. Il faut faire comprendre aux gens que toutes les personnes se valent et que personne ne doit porter atteinte aux droits les plus sacrés de la personne humaine, fait-il comprendre.