PORTRAIT – Obsédé par l’art de défense depuis son enfance, Fizouné Richard a usé de tous les moyens pour devenir Me Shaolin et professeur des arts martiaux. Un parcours brillant que Tchadinfos.com vous retrace ici.

À 6 ans, il épatait ses amis par ses démonstrations de Kung-fu. Dans sa tunique chinoise, Fizouné Richard se prenait pour un grand maître des arts martiaux. A côté de son grand frère, le natif de Mayo Kebbi, commence à aiguiser son rêve d’être comme Jet-Li.

Chaque jour, de retour du ciné-club dans son village situé au sud du pays, Fizouné Richard et son frère aîné répétaient les gestes produits par les acteurs populaires de l’époque, Bruce Lee, Tony Jaa, Van Damme et autres. « Je venais au cinéma avec un bout de papier en main pour noter et reprendre. Je vois et je reproduis », se souvient-il.

En 2000, il rejoint la capitale N’Djamena en ayant toujours à l’esprit le Kung fu. De file à aiguille, Fizouné Richard s’attache de plus en plus aux arts martiaux. Dans la cour de la maison familiale, au prix de perturber la quiétude des autres, le petit garçon se lance dans l’autoformation.

C’est en 2009, qu’il connait son premier maître de Kung-fu. Me Irindi prend l’adolescent de 15 ans sous ses ailes. Après une année dans cette école, Richard change de lieu. Il atterrit chez Me maître Manassé avec les acquis du précédent instituteur. Là, il développe de nouvelles techniques.

Il faut attendre 2015 pour voir Fizouné Richard, prendre des risques en vue de son indépendance. Il ouvre son centre d’apprentissage des arts martiaux dénommé « Kung-fu am », au centre Don bosco. En dehors de maintenir, cette école à plein régime, le jeune maître auto-proclamé donne des cours privés à la demande de ses clients.

Un soir de 2018, Richard est convié à une démonstration des arts martiaux au cinéma Le Normandie de N’Djamena. La salle était comble ce jour, l’étudiant en 3ème année en langue Chinoise à l’université de N’Djamena surprend les spectateurs. L’ambassadeur de Chine au Tchad était ébloui par le talent du jeune maître tchadien.

Trois mois plus tard, sans s’attendre à quelque chose, Fizouné Richard reçoit un appel de son ancien Me Irindi. Il lui annonce la bourse dédiée aux arts martiaux réservée par la Chine pour lui. Très vite, le Tchadien de 24 ans à l’époque s’organise et s’envole pour la Chine. Là bas, il atterrit au temple de Shaolin de la province de Henan. Sur place, Richard, fait preuve de détermination. A l’issue de la formation, il sort heureux avec son premier diplôme de professeur des arts martiaux traditionnels chinois.

La même année, il repart en Chine. Cette fois, pour assister aux côtés de ses collègues professeurs au forum de Beijing à Pékin, pour la coopération Sino-africaine. A la clôture des travaux, Fizouné Richard monte sur le podium. Son public était les chefs d’Etat africains et le président chinois. Une fois de plus, le talent de Richard a dérobé les ovations des spectateurs. Aussitôt, il est recruté pour un film documentaire sur les Africains au temple de Shaolin. La télévision chinoise CGTN fait de lui, l’un des acteurs principaux du film.

Aujourd’hui, Fizouné Richard est défini comme un homme qui a la main sur le cœur. Son centre Kung-fu am, offre l’opportunité aux jeunes démunis d’apprendre gratuitement et met des bourses pour ceux qui voudraient faire carrière dans le domaine. Son rêve d’enfance, créer une école de Kung-fu au Tchad pour une formation pluridisciplinaire afin d’impacter sur la communauté tchadienne.

Calme et réservé, le jeune maître tchadien a plusieurs cordes à son arc. Il lui arrive fréquemment de porter sa casquette d’artiste humoriste, de cinéaste ou de chorégraphe.