ENSEIGNEMENT – L’enseignant vacataire des établissements scolaires privés est indéniablement le parent pauvre du corps enseignant. Mauvais traitement, manque de considération, condition professionnelle lamentable, etc. font partie des calamités de son quotidien.

Il effectue une tâche indispensable, mais avilissante et ingrate au regard de sa situation. Le tout, dans des conditions professionnelles pénibles. Quelques témoignages édifiants pour étayer nos propos.

Vacataire depuis 4 ans, Mathias avoue “officier sans contrat travail”. Il ne signe que la fiche de renouvellement comme il est “ancien” dans son collège. Ce n’est pas le cas pour “les nouveaux”. Pourtant, le code de travail renseigne “qu’un employé après 2 ans doit avoir un contrat (…)”. Cela mis à part, le vacataire touche des frais honoraires trop bas, oscillant entre 500 et 1 500 francs, pour des écoles jugés “mieux”.

Le licenciement abusif plane perpétuellement sur le vacataire. Même après 5 ans voire plus, il peut être renvoyé sans motif. Soit parce qu’un parent d’un tel veut sa place, soit parce qu’il innove avec des idées que l’administration juge “mauvaises”. Souvent, c’est que le chef hiérarchique pense que le vacataire joue au plus intelligent. Ayant même signalé préalablement son absence pour maladie ou congés (paternité), ses frais de vacation sont retranchés. Pire, il peut être licencié. Recruté à la rentrée scolaire, après quelques mois d’exercice, il peut être remplacé sans préavis, par un prof proche de l’administration. Les recrutements dans les établissements privés pour la majorité sont subjectifs, faits avec affinités. Après 3 ans dans le même établissement, Narcisse est licencié. Le proviseur lui dit clairement qu’il est sur la liste d’attente car le cousin du proviseur a pris sa place. Il ne sera jamais rappelé.

Blaise ayant enseigné huit ans dans un lycée confessionnel alors qu’il n’est pas d’obédience de cette école, il est obligé de verser la dîme mensuellement. Il est payé 1 300 francs l’heure. Ayant mis des années-là, il lance une pétition pour une augmentation de 200 francs, soit pour toucher 1 500F l’heure. Mais lui et sa bande sont renvoyés quelques jours plus tard.

Le vacataire n’a ni assistance sociale, ni couverture sanitaire. Même après cinq ans dans le même établissement, il doit faire des acomptes pour se soigner ou assurer ses besoins urgents. “Même si, on a accepté de travailler en connaissance de cause dans les établissements privés, c’est inhumain notre traitement par les fondateurs. Notre situation doit être régularisée car c’est carrément de l’informel. Les frais de vacations doivent être uniformisés partout ou selon les standings des écoles (…)”, plaide un vacataire. Les frais de scolarité grimpent chaque année, mais ceux des vacataires stagnent ou diminuent. Rien ne change dans les écoles. Des fenêtres, portes, tables-bancs vétustes et des constructions délabrées. Même, les parents se plaignent de ces augmentations annuelles de 5 000, 10 000, 20000 francs et pourquoi, l’on ne saurait le dire.

Comme si cela n’est pas au comble, la condition du vacataire est de jour en jour précaire. Il est la cible des enseignants fonctionnaires intégrés à la Fonction publique. Un censeur dans un lycée public officie en même temps comme prof de français dans un lycée privé. Son poste déjà de responsable dans le public ne lui permet pas d’intervenir dans un autre lycée, qui plus est privé. Ainsi nombre d’enseignants du public désertent leurs fonctions pour se sucrer sur le dos des vacataires. Cependant, l’on sait que l’État interdit formellement cette pratique, mais elle persiste, au grand dam des vacataires. Des mesures coercitives doivent être prises.

BACTAR Frank I.