Les victimes des crimes et répressions de l’ancien président du Tchad, Hissein Habré ont bloqué la circulation ce matin sur l’avenue Pascal Yoadimnadji près de l’ambassade des États-Unis.

Dans la rue, assis à même le sol, les femmes pleurent, les hommes sifflent, les victimes ont décidé de passer à une vitesse supérieure. Depuis plus trois mois les victimes font des sit in devant le siège de leur association pour demander l’exécution de la décision de justice prononcée à N’Djamena et à Dakar.

Sept complices de l’ancien président Hissein Habré ont été condamnés à la perpétuité par la Cour criminelle de N’Djamena en 2015.

Le 25 mars 2015, après trois mois de procès, la Cour d’appel de N’Djamena a condamné 20 agents du régime de Hissein Habré pour assassinat, torture, séquestration, et détention arbitraire, parmi d’autres crimes.  La Cour a également accordé aux 7 000 victimes la somme de 75 milliards de francs CFA (soit environ 140 millions de dollars US) à titre de dommages et intérêts, ordonnant au gouvernement d’en verser la moitié et aux agents condamnés d’en verser l’autre moitié.

La Cour d’appel de N’Djamena avait ordonné au premier ministre tchadien de mettre en place une commission chargée de l’exécution du paiement des dommages et intérêts aux victimes. Mais cette commission n’a toujours pas été constituée. La Cour avait également ordonné au gouvernement d’ériger un monument à la mémoire des victimes du régime Habré « dans un délai n’excédant pas un an », et de créer un musée dans l’ancien siège de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), la police politique de Habré. À ce jour, aucune de ces décisions n’a été respectée. Jusqu’aujourd’hui la décision de la Cour criminelle n’a pas connu d’exécution.