Au Tchad, au moins trois députés affirment qu’on leur a interdit ces derniers jours de franchir la frontière avec le Cameroun pour se rendre à Kousseri, la ville qui fait face à Ndjamena. Cet empêchement de quitter le territoire tchadien alimente le mécontentement et l’inquiétude chez les élus de la nation, au moment où des députés ont été arrêtés et formellement inculpés et d’autres simplement convoqués dans l’enquête sur une présumée tentative de complot.
Ils sont trois, tous députés. À différents moments de la semaine, ils ont chacun leur tour essayé d’aller à Kousseri, de l’autre côté du fleuve, pour faire, disent-ils, quelques achats. Mais chacun d’eux s’est vu signifier l’impossibilité de passer la frontière. L’un de ces élus dit qu’il a d’abord voulu passer avec sa voiture de fonction. Et qu’après avoir été bloqué, il a tenté l’opération avec sa voiture personnelle. Sans plus de succès.

Ce samedi 11 mai, aucun des trois députés approchés par RFI n’a souhaité s’exprimer à visage découvert. « Le climat de peur ici empêche les langues de se délier », confie l’un des élus du peuple. L’opposant Ngarlejy Yorongar, qui s’est fait le porte-parole de ses confrères, dénonce cependant une violation manifeste du statut et des droits du député. Le gouvernement se refuse pour l’instant à tout commentaire.

L’affaire aurait tout l’air d’un banal quiproquo douanier si le pays n’était pas ébranlé par l’enquête sur une tentative de complot que les autorités affirment avoir déjouée. Bien que le président tchadien ait garanti qu’il n’y aurait pas de chasse aux sorcières, la façon dont la procédure se déroule alimente l’inquiétude des députés. La coalition d’opposition CPDC a dénoncé il y a une semaine des arrestations en dehors des horaires réguliers, sans mandat, et sans autorisation préalable ou information de l’Assemblée.

Source : PressAfrik