MEDIA – Le Tchad à l’instar des autres pays du monde célèbre ce 3 mai la journée mondiale de la liberté de la presse. L’occasion pour le directeur de la radio Fm Liberté, Djekourninga Kaoutar Lazare, de décrire la liberté de la presse comme se trouvant dans “une situation préoccupante.”

Tant connue pour l’intérêt qu’il accorde aux droits de l’homme, la radio FM Liberté est une œuvre des associations et organisations de défense des droits de l’homme. Au Tchad, les bavures policières sur les journalistes sont légion.

Selon Djekourninga Kaoutar Lazare, directeur de la radio Fm Liberté, les journalistes tchadiens travaillent dans un climat hostile et délétère. “D’abord la première condition difficile, c’est l’accès aux sources officielles d’information, on se bat tous les jours mais les officiels ne s’ouvrent pas à nous. De deux, ici au Tchad, ce n’est pas facile d’être journaliste. Parce que quand on sort sur le terrain, on se demande si on va bien réintégrer l’organe. Puisqu’on peut t’arrêter et te mettre dans une coffre de voiture comme si c’était une simple marchandise. Parfois on nous laisse parler, écrire mais on cogne aussi souvent sur les doigts, on dépose des plaintes souvent contre nous au parquet pour diffamation, insultes, injures. Voilà ce qui se passe généralement“, déplore-t-il.

Plusieurs fois, les locaux de cette station radio et ses journalistes ont été victimes de bavures policières. C’est le cas du 27 novembre 2020. Ce jour, plusieurs journalistes se trouvant en formation au sein de cet organe ont été brutalisés et arrêtés par les forces de l’ordre les prenant pour des initiateurs d’une manifestation. Situation qui a provoqué l’ire de l’Union des radios privées du Tchad (URPT) qui a décrété une journée sans radio.

Au vu de ces faits, le directeur de ladite radio, Djekourninga Kaoutar Lazare, affirme que l’année 2020 a été une année un peu difficile parce qu’ “on a été investis par la police où on nous a jetés des gaz lacrymogènes, on a tapé sur le personnel de la radio et bien d’autres alors que ce n’est pas comme ça que la police doit faire des investigations”, reproche-t-il. “Même s’il y a quelqu’un qui a commis des infractions ici à FM Liberté, on doit légalement venir et se présenter en tant que force régulière avec un mandat d’amener ou bien de recherche mais la police s’est déversée sur la radio comme si nous étions des malfrats. C’est ce qui me fait dire que nous ne sommes pas dans une République et on n’agit pas comme ça dans une République“, se désole-t-il. Il rappelle que même dans la Constitution de la République, il y a des articles qui font obligation aux forces de l’ordre d’agir dans le respect des droits de l’homme. “Ces dispositions disent que toutes ces forces de l’ordre et de sécurité doivent agir au respect de droit de l’homme mais ils ne le font pas“, note le directeur.

Par contre, Djekourninga Kaoutar Lazare se dit confiant que la presse tchadienne puisse accéder à une liberté acceptable. Toutefois, il rappelle que ” la liberté et le droit s’arrachent. Si aujourd’hui il y a des journaux, des radios et des télévisions qui naissent, ce sont les fruits de la lutte. Donc il faudrait qu’on continue dans ce sens et la liberté, nous allons l’arracher“, incite-t-il.