PORTRAIT – A l’occasion de la Journée mondiale des enseignants, la rédaction de Tchadinfos vous dresse le parcours de la première inspectrice tchadienne à l’éducation, Djangbey Assanié Suzanne.

« On ne dit pas, il m’a randonnée plutôt il m’a donné un rendez-vous », recadre la dame aux enfants qui l’entourent. Le plus souvent, elle ne cause pas en patois avec les enfants, « c’est sa manière de les éduquer», nous informe l’une de ses petites filles, à notre entrée. D’un geste simple, la septuagénaire dresse son boubou rouge, couvre sa tête et nous accueille dans son salon.

A 74 ans, assise sur son fauteuil, Djangbey Assanié Suzanne se rappelle encore de ses temps forts au lycée. “Le CEG de Klémat, c’est nous les premiers à étudier là-bas. Entre-temps nous faisons le Brevet élémentaire (BE), et non le BEPECT “, se remémore-t-elle avant d’indiquer qu’à cause des mathématiques, elle a raté sa première fois au BE.

Toujours accrochée à ses cahiers, et à son poste récepteur, la collégienne de l’époque a porté son choix sur la craie très tôt. Après l’obtention du BE, elle a réussi à se faire une place au centre pédagogique de N’Djamena, où elle obtient le titre de monitrice supérieure en 1968. Cette date marque ses premières expériences. « J’ai commencé à enseigner à l’école du centre B, en classe de CE2 ». Au fur et à mesure, la passion s’ajoute à la vocation de cette pépite.

Djangbey Assanié Suzanne sera la toute première femme à intègrer l’école normale de Bongor. La théorie et la pratique étaient ses compagnons. « Quand je revenais de l’école, je prenais ma petite sœur comme parent d’élève, et mes poupées comme des élèves », se souvient-elle. Une année plus tard, elle continuera la formation à l’école normale de Sarh, où elle sort institutrice adjointe. Un titre qui lui a valu une affectation dans la même ville puis à Mao et Moundou avant de regagner N’Djamena.

Par son engagement et son dévouement, elle siège au poste de responsable de l’alphabétisation de la cellule de l’éducation nationale féminine. Malgré ce poste, la dame au teint claire prend son stylo pour composer le concours d’entrée à l’école normale supérieur d’Ardep-djoumal en 1986. Après deux ans de formation, elle obtient le titre de la toute première inspectrice principale de l’enseignement élémentaire au Tchad.

Toujours compétente dans son domaine, Djangbey Assanié Suzanne décide de reprendre la craie en 2004. « Le savoir qu’on a, il faut le transmettre aux autres » dit-elle avec fierté.

En plus de sa passion pour la craie, l’inspectrice a été membre de la Jeunesse éducative du Parti Progressiste Tchadien, au temps du premier président N’Garta Tombalbaye. Elle s’est fait une place au parlement, et participe à la rédaction de la première Constitution lors du premier congrès national.

A présent, elle n’a plus les mains pour tenir la craie. Djangbey Assanié Suzanne se sent délaissée par le gouvernement. « Quand il y a des grandes rencontres dans le domaine de l’éducation, l’Etat devrait nous impliquer. Mais personne ne fait appel à moi », regrette-t-elle.