PORTRAITS CROISES-Au Tchad, plusieurs femmes exercent le métier de journaliste. Mais très peu occupent des postes de responsabilité. Nous traçons les parcours de deux d’entre elles.

Teint clair, elles sont venues des horizons différents. Chacune d’elles fait partie des leaders dans son organe respectif. Leur point commun : transmettre l’information d’une manière ou d’une autre.

Miriam Positive, appelée ’’la petite journaliste’’ par  ses pairs  ne pensait pas devenir journaliste. Enfant, elle rêvait d’être magistrate. Très vite l’idée sera abandonnée. Un changement qui intervient lorsqu’elle débute ses études supérieures. Elle entre à l’université de N’Djaména pour  apprendre le journalisme. De la théorie, la jeune fille au teint clair décide de suivre une  formation pratique en technique de reportage d’une semaine organisée par la radio Oxygène FM en 2017. Au terme de cette formation, elle figure parmi les meilleurs qui sont retenus. Positive décroche alors un stage de trois mois au sein de ladite radio. Elle fait ses premières armes auprès du fondateur et ex-directeur de la radio, François Djekombé.

Quatre mois plus tard, l’étudiante en première année des Sciences et techniques de l’information et de la communication (STIC) devient collaboratrice à la radio Oxygène. “Des fois je finis à 15 heures et je passe directement à la radio. J’aimais cela parce que ça m’aidait à comprendre le cours“.

De la volonté à la passion, la collaboratrice de la radio Oxygène se fait remarquer par ses supérieurs (rédacteur en chef, directeur de la radio) pour la qualité de son travail.  Après l’obtention de sa licence en 2019, la journaliste benjamine de ladite radio, est nommée directrice en 2020. Elle gère désormais les affaires administratives. “L’administration on l’apprend. Et d’ailleurs je trouve que ça ne pèse pas“, dit-elle.

Plume à la main depuis quatre ans, la plus jeune administratrice à la tête de la radio Oxygène porte en elle un rêve grandiose, celui de créer une plateforme de journalistes femmes. Cela pour permettre aux femmes journalistes de discuter des maux qui minent leur évolution.

Miriam Positive relate qu’au-delà de l’accès à l’information qui n’est pas toujours facile, il existe d’autres difficultés qu’elle rencontre.  ’’Il y a certaines personnalités qui te voient comme une petite fille et veulent profiter de toi’’.  

A la tête de la radio, la vingtaine ne reste pas figé dans son milieu professionnel. Son loisir est le sport. ’’J’aime  me balader et avoir des causeries éducatives’’, confie-t-elle.

                                

A la coiffure “locks”, Narbaye Halimé n’avait rien de commun avec le métier. Adolescente, elle rêvait de porter la toge pour défendre les femmes devant les barreaux. Un rêve qui s’éteindra quand elle obtiendra le baccalauréat en 2001. Elle débute ses études supérieures en philosophie, ’’c’était la volonté du papa’’, se souvient-elle.

De 2004 à 2005, la fille ainée de la famille décide de se familiariser avec le micro en apprenant l’animation radio. Elle tient en haleine les auditeurs de la  radio Harmonie FM, une radio culturelle. Au fur et à mesure, Narbaye Halimé rencontre et côtoie les journalistes. En 2006, elle rejoint la radio FM Liberté en qualité d’animatrice.  Peu de temps après, elle voit naitre en elle l’amour du journalisme, mais ne pourra pas l’exercer. Car nouvellement mariée avec un homme de presse, ils craignent d’avoir peu de temps pour l’éducation de leurs enfants.

En 2013, son mari décède. La veuve décide de faire du journalisme sa passion. ’’Je me suis dit que je peux encore aller au-delà’’. Elle intègre la rédaction de la radio FM Liberté officiellement en 2014 en tant que reporter. Le travail, la rigueur et l’objectivité est la devise de Narbaye Halimé. En septembre 2019, elle a été nommée rédactrice en chef adjointe de la radio FM Liberté. Une responsabilité qu’elle a acceptée malgré les contraintes.

’’Le combat d’une femme journaliste est double : la femme journaliste doit se battre pour sa place dans la société en tant femme  d’abord, et en tant que femme dans les rédactions’’, estime Narbaye Halimé

Aujourd’hui, c’est loin de l’univers de la philosophie que la rédactrice en chef  évolue. ’’Tout  de même de temps en temps j’anime avant de regagner la rédaction’’. Elle avance que la seule clé de la réussite est le travail.  ’’La vie a toujours des difficultés, et quel que soit ce qui adviendra ce sont les difficultés qui corrigent et qui forment’’.

Entre la radio et la famille, la tâche n’est pas aisée pour la mère de trois enfants . ’’Tellement je cherche à tout contrôler à la radio tout comme à la maison, je rencontre des problèmes avec mes enfants’’, avoue-t-elle.