Les victimes des crimes de l’ex-président tchadien; Hissein Habré, ont fait un sit in ce lundi, devant le siège de leur association, pour rappeler à la justice et au gouvernement tchadiens le respect de leurs obligations vis-à-vis d’elles.

Regards colériques, visages crispés et les deux mains sur les têtes, voilà comment les victimes directes et indirectes des crimes et répressions de l’ex-président tchadien, Hissein Habré se sont présentées en masse, ce 25 mars, devant le siège de leur association sur l’avenue Pascal Yoadimnadji, dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena.

C’est une foule immense constituée de plus de 200 personnes dont les femmes, les hommes et les jeunes qui a décidé de faire ce sit in. Elle réclame la réparation totale de souffrances qu’elle a endurées au temps de règne de l’ancien président Hissein Habré, de 1982 à 1990. Sur les pancartes qu’elles ont en mains, l’on peut lire des expressions de mécontentement tels que : « l’Etat tchadien doit respecter ses engagements ; orphelin de la DDS égale enfant de la rue ; vous ne pouvez pas échapper à l’obligation de la réparation : absence de réparation, torture continue… »

« Tout ce que nous demandons c’est notre droit, beaucoup d’entre nous sont malades et n’arrivent pas à se soigner(…) il faut que le gouvernement pense à nous », s’offusque Madame Defallah Kaltouma, victime directe des crimes de Hissein Habré.

25 mars 2015-25 mars 2019, cela fait exactement quatre ans que les complices de Hissein Habré ont été condamnés dans un procès organisé dans la capitale tchadienne. Mais les condamnations au versement des dommages et intérêts par la justice tchadienne en faveur des victimes tardent à être exécutées. Un autre point de mécontentement est la non incarcération des condamnés. Ceux-ci sont en liberté. « De un, nous voulons que les condamnés soient réellement condamnés, de deux, nous voulons que le mécanisme de réparation soit mise en place par le gouvernement », dit Clément Abaifouta, président de l’association des victimes des crimes de Hissein Habré. Parmi ces manifestants, il y a Joseph, la trentaine révolue qui a perdu son père pendant la dictature, alors qu’il n’avait que 6 mois. Comme les autres, il demande surtout l’arrestation des condamnés qui jouissent toujours de leur liberté.

Le mouvement est loin de s’achever dans la journée. Pour les manifestants, la journée du 25 mars est spéciale pour eux et ils ne se lasseront pas de se faire entendre. « Cette lutte doit continuer », lâche une veuve qui se trouve dans le groupe.