Le Conseil supérieur militaire est créé le 15 avril 1975. Il est composé de neuf membres dont le président est aussi chef de l’Etat, président de la République. L’exercice du pouvoir du CSM s’est déroulé en deux phases : la période de gouvernement provisoire et celle de la réconciliation avec la création du poste de Premier ministre.

La mise en place du CSM répond aux exigences de l’exercice du pouvoir. Après avoir renversé le président Ngarta et suspendu ou supprimé les institutions sous son régime, il fallait mettre en place des nouvelles institutions. Ainsi, débute la deuxième République.

Le CSM gérera les affaires courantes jusqu’à la formation du premier gouvernement provisoire le 12 mai 1975, soit environ un mois après le coup d’Etat. Dans ce premier gouvernement dit provisoire de 18 membres, tous les membres du CSM se sont vus confier un portefeuille ministériel, le président Félix Malloum Ngakoutou Bey-Ndi s’occupant aussi de la Défense nationale. Le soir de la formation de ce gouvernement, le président Malloum, dans une déclaration demande aux Tchadiens de faire confiance au nouveau régime.

« Compter sur notre volonté de ne jamais instaurer la dictature. L’armée n’a pas pris le pouvoir pour le pouvoir, mais pour faire reculer la misère, l’ignorance, le chômage, la gabegie et la concussion qui s’installent dans un pays en déconfiture ». Malgré ce discours rassurant, les militaires commettent leur première erreur du « changement dans la continuité », c’est-à-dire, tous les partis politiques restent interdits. Peut-on parler de démocratie sans multipartisme ?

Dans tous les cas, le président Félix Malloum Ngakoutou Bey-Ndi estime qu’au moment opportun, une assemblée constituante sera élue au suffrage universel et qu’en attendant, tous les partis politiques sont toujours interdits. La rébellion du Frolinat qui avait pris acte du coup d’Etat, s’est très vite ravisée en qualifiant le régime militaire du « Tombalbayisme sans Tombalbaye ».

Les militaires, ont, toutefois, continué à opérer des réformes en réorganisant l’administration publique. La journée de travail continue a été supprimée avec 3 à 4 heures de travail dans l’après-midi. Le nombre de jours fériés a été aussi réduit. Le CSM s’est attelé aussi à donner du souffle nouveau à l’économie tchadienne en sollicitant des financements extérieurs et surtout en mettant l’accent sur la production agricole (coton surtout), le commerce, entre autres.

Le CSM a le mérite d’avoir lancé certains projets à but économique et la création de quelques sociétés comme la SONASUT. Il a négocié aussi des investissements étrangers. Pour cela, les militaires ont mis l’accent sur le libéralisme économique. Un système économique censé rassuré des investisseurs étrangers.

Sur le plan politique, l’interdiction des partis politiques n’a pas été un bon signal aux mouvements armés qui écument le nord et l’Est du pays. Le Frolinat continue la lutte armée. L’appel à la paix, a, tout de même, permis la signature d’un accord avec le CCFAN d’Hissène Habré en 1977. Débute alors, la deuxième phase de l’exercice du pouvoir pour les militaires.

L’arrivée d’Hissène Habré chamboule la structure politique. Le CSM disparait laissant place à des nouvelles institutions prévues dans la Charte fondamentale. Si déjà, les militaires n’ont pas pu rassurer la population, l’armée elle-même et la rébellion, sa décadence commence avec la cohabitation entre le chef de l’Etat et son Premier ministre.