Dans la ville de N’Djamena, jonchent des tas d’ordures. Ces saletés, sources de maladies pour beaucoup de personnes, sont essentielles pour la survie d’une autre couche de la population. Qui sont ces personnes qui tirent leur survie de ces ordures ? Nous vous proposons un portrait croisé de deux jeunes qui vivent essentiellement grâce aux ordures.

Ils sont issus des milieux différents, mais exercent des activités similaires pour un même objectif : la survie.

Assis devant une boutique située au centre du marché Al-adala, débardeur blanc et un pyjama gris, un jeune d’environ 26 ans déballe son sac : des fers, aluminium issus des pièces détachées des véhicules et autres objets. Lui c’est Romaric, un collectionneur de métaux à recycler. “C’est son business, et il ne s’amuse pas surtout quand il s’agit de cela“, relate un de ses amis.

“Il est un grand travailleur, et aimable à la maison. C’est son caractère avare, et un peu grossier qui est son défaut majeur. Il n’aimait pas que quelqu’un lève la main sur moi. Je me sentais bien avec lui jusqu’à ce qu’il quitte la maison, suite à un malentendu entre lui et mes parents”, raconte Prudence, sa petite sœur, vendeuse ambulante de bananes.

C’est depuis 6 ans que Romaric vit de cette activité. Chaque matin, il part à la rencontre des ordures dans des lieux publics de la capitale avec son groupe d’amis dont il est le chef. Exigent et courageux, il longe les grandes artères pour ramasser des ordures afin de les vendre et obtenir sa pitance journalière. “Quand il ne trouve pas ce qui lui rapportera des sous, il rentre pas jusqu’à la tombée de la nuit“, confie un de ses amis rencontré dans son salon de coiffure.

Romaric mesure la quantité des objets. Il les regroupe selon leurs poids tout en s’apprêtant pour les amener chez l’acheteur. Brusquement, l’homme sort un sachet de Player (alcool frelaté), et vide le sachet avant de se diriger vers l’acheteur. Les deux hommes pesent les objets. Un kilo métaux coûte 1000f. Apres des pourparlers, romaric empoche quelques billets de banque.

C’est dans un environnement plein de moustiques que l’homme au teint noir prend sa sieste chaque 14h. C’est en classe de 5ème que le jeune a quitté les bancs de l’école pour embrasser cette activité. Un peu réservé, Romaric fait partie de ces jeunes qui malgré les circonstances, ne baissent pas les bras. “C’est vrai, mes parents sont en vie, mais je préfère me chercher moi-même”. Quelles que soient les conditions, je trouverais le peu pour manger”.

Si Romaric et ses amis gagnent leur vie en ramassant des ordures sur des poubelles, Innocent , lui en fait autrement.

Son job à lui est d’enlever des ordures dans les ménages. Une activité dont il exerce depuis son arrivée du village en octobre 2018. Après deux semaines passées dans un chantier, Innocent s’est retrouvé sans travail. Un cousin lui a parlé du ramassage des ordures. “Vu que je suis père de famille, j’ai accepté de m’y mettre“.

A chaque levée du soleil, Innocent retrousse les manches de sa chemise, avant de s’emparer d’une pelle et sa voiture à bras communément appelé (pousse pousse). Il passe dans les ménages inscrits sur sa liste pour vider les bacs à ordures et les déposer dans les bas-fonds. “A la fin du mois, chaque ménage paie une somme de 2.000f CFA”, informe Innocent d’un air amusant, fier du montant qu’il gagne mensuellement.

Cette tâche, malgré les inondations dans les quartiers périphériques, en saison de pluie, il la fait avec véhémence pour élever ses deux filles. “Dans tous les métiers, il y a des difficultés, mais il faut se donner du courage, surtout quand il s’agit d’une source de votre survie“, lance-t-il.