SOCIÉTÉ – Les départements  du Lac  sont en état d’urgence depuis le début des attaques terroristes survenues dans la province. Malgré la forte présence militaire, la peur d’être attaquée par les éléments de Boko Haram et une vie partagée avec les réfugiés, la population locale mène une vie paisible.

A Baga-Sola, chef lieu du département de Kaya, situé à 75 km de la capitale provinciale, Bol, au lever du soleil, le premier geste de la journée est d’aller puiser de l’eau dans les forages installés par les ONG présentes d. « Que Dieu vous bénisse mes enfants. Vous avez développé notre ville », lance une sexagénaire, vendeuse de beignet sur une ruelle de Baga-Sola. Jusqu’à 10 heures, la ville est toujours calme, sauf les vacarmes des 4×4 des ONG et des pickup militaires  qui sillonnent la ville toute la journée. Par endroit, l’on peut apercevoir des hommes devant des boutiques en train de causer ou des enfants jouant au football en pleine rue.

Au marché central de la ville jouxtant le lac, l’ambiance est bon enfant. Un véritable carrefour où toutes  les richesses agricoles du Lac sont vendues et surtout, un endroit où se rencontrent des hommes et des femmes venus de tout le Lac et même des pays voisins. Chacun vaque à ses occupations, comme ces hommes discutant le prix des sacs de poissons fumés  venus tout droit des îles limitrophes.

A quelques mètres, un tas de cannes à sucre qui sort visiblement du champ ; les vendeurs de viande, certainement de bœufs  « Kouri »  s’apprêtent pour les grillades.  Ici, c’est un marché avec une  forte présence féminine. Mais dans ce marché, deux monnaies circulent : le Franc CFA et le Naira du Nigeria. La seconde monnaie est la plus dominante. Une tranche de canne à sucre par exemple coûte 500 Naira, ce qui équivaut à 200 FCFA.

Un groupe de vendeurs de poissons fumés au marché de Baga-Sola Photo: Almardi/Tchadinfos.com

La province du Lac est aussi reconnue par le dynamisme des ses femmes. La vente des  légumes, des fruits et poisson à la braise est leur affaire. Certaines, traînant leurs ânes chargés de marchandises, faufilent dans la foule. Des militaires avec des armes sur les épaules, sont présents dans tous les coins du marché, mais pas pour faire des achats. « Leur présence nous rassure », dit un commerçant.

A 18 heures déjà, rien ne bouge, même l’entrée dans la ville est interdite. La tombée du soleil paralyse l’ambiance de la journée. L’obscurité est totale. Hormis les bases des ONG et les quelques rares boutiques, il n’y a aucun éclairage. En plus, un couvre feu à partir de 21 heures, instauré pour des raisons sécuritaires, pousse la population à rester chez elle dès la  tombée de la nuit, laissant rues et ruelles aux patrouilles militaires.