Mille quinze victimes directes et indirectes du régime de Hissène Habré se sont constituées partiehissene_habre_ civile devant les chambres africaines extraordinaires (CAE), a annoncé mercredi à Dakar, Me Jacqueline Moudeina, membre du collectif des avocats des victimes.

”Le 15juillet, se sont constituées parties civiles au sein des CAE 1015 victimes directes et indirectes. Les 5 victimes présentes ici, Clément Abaïfouta, Ginette Ngarbeye, Hadjo Amina Moctar, Younouss Mahadjir et Abdourahmane Guèye ont déjà donné leurs dépositions aux juges d’instruction des CAE”, a dit Me Moudeina, au cours d’un point de presse.

Le juge d’instruction des CAE, qui a inculpé le 2 juillet 2013 Hissène Habré de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et torture, a commencé à auditionner la partie civile constituée par les victimes.

Selon elle, les victimes (40000 selon les estimations officielles tchadiennes) du régime de Habré ‘’s’attendent à ce que leurs droits soient respectés et que justice leur soit rendue”.

‘’Nous nous battrons aussi pour que les droits de Hissène Habré soient respectés et que cette procédure soit équitable et exemplaire. Nous ne courrons pas après la vengeance. Nous ne voulons pas faire subir à Habré une once de ce que les victimes ont connu”, a indiqué Me Jacqueline Moudeina.

En janvier 2000, la première plainte contre Habré a été déposée à Dakar par des victimes tchadiennes, l’affaire s’annonce sous de bons auspices pour les plaignants. L’ancien président tchadien est rapidement inculpé pour actes de torture et crimes contre l’humanité, et placé en résidence surveillée.

Mais juste après l’élection d’Abdoulaye Wade à la présidence de la république, la justice sénégalaise fait marche arrière. Elle se déclare à plusieurs reprises incompétente, puisque les crimes n’ont pas été commis au Sénégal. Les victimes déposent alors de nouvelles plaintes au Tchad et en Belgique.

Alors que le dossier est au point mort au Sénégal, en 2005, un juge belge émet un mandat d’arrêt international et la Belgique adresse la première des quatre demandes d’extradition. Hissène Habré est placé en détention. Mais 15 jours plus tard, la cour d’appel de Dakar se déclare de nouveau incompétente et Habré est relâché.

L’année suivante, l’Union africaine (UA) demande au Sénégal de juger Hissène Habré ‘’au nom de l’Afrique”. Le Sénégal accepte, mais rien ne bouge. Dakar refuse de financer le procès, ce que l’Union européenne accepte. Les négociations durent deux ans. En 2009, la Belgique s’impatiente et saisit la Cour internationale de justice pour qu’elle ordonne au Sénégal de poursuivre Habré ou de l’extrader.
Pendant les années qui suivent, Wade parviendra à donner des gages tout en maintenant la procédure à l’arrêt. En 2011, il est même sur le point de renvoyer Habré vers le Tchad avant de faire marche arrière au dernier moment.

C’est en 2012 que la machine se débloque. Quelques mois après l’élection de Macky Sall à la présidence de la république, Dakar et l’UA créent officiellement les chambres africaines extraordinaires. Ce sont elles qui ont inculpé Hissène Habré le 2 juillet.

APA