MEDIAS – La Convention des entrepreneurs de la presse privée au Tchad (CEPPT) a dénoncé la suspension par la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama), du journal Abba Garde et de son directeur de publication pour une durée de 12 mois. C’est à travers un point de presse tenu ce 09 juin.

« Nous sommes en droit de nous demander, à quelle loi se réfère la Hama pour cette lourde peine, une première dans l’histoire de la liberté de la presse au Tchad ? Ne pouvait-elle pas renvoyer Abba Garde et ses plaignants à la justice ? » Se sont interrogés Juda Allahondoum et Brice Adjim Adjim Ouaye, respectivement président du Patronat tchadien de la presse et président de la CEPPT.

Le 08 juin, la Hama a suspendu pour 12 mois le trimensuel Abba Garde et son directeur de publication Moussaye Avenir de la Tchiré. Elle évoque des manquements à l’étique et à la déontologie du métier de journaliste et diffamations.

Pour les professionnels de la presse, « cette décision annonce non seulement la disparition » de Moussaye Avenir de la Tchiré , directeur de publication « mais aussi celle de toute l’équipe de sa rédaction ». Ils expliquent qu’en faisant « une relecture minutieuse des dispositions pénales de la loi n°31/PR/2018 portant ratification de l’ordonnance 25/PR/2018 du 29 juin 2018 portant régime de la presse écrite et des médias électroniques au Tchad, nulle part dans cette loi, il n’est prévu une suspension d’une durée de 12 mois pour diffamation ou diffusion de fausses nouvelles. Moins encore la suspension d’un journaliste dans l’exercice de son métier pour les mêmes infractions ». Par conséquent, déduisent-ils, « il apparait donc clairement que cette sanction est arbitraire et sent un règlement de compte à plein nez. »

Face à la suspension dans ces conditions juridiques du journal Abba Garde, qu’ils voient comme « un signal fort donné à toute la presse tchadienne et en même temps un recul honteux pour notre jeune démocratie », les patrons de la presse interpellent le président de la République.

Ils appellent par ailleurs tous les journalistes et organes de presse à se mobiliser contre « les pratiques de la Hama qui finiront par s’imposer comme une jurisprudence » et pour les «actions de grande envergure» qui devraient être lancées dans les jours à venir.