PORTRAIT- Le Tchadien Abakar Djermah Aumi, est candidat à la présidence de l’Union africaine de Judo en mai 2021. Sur les traces d’un candidat au parcours impressionnant.

Il allait être footballeur. Enfant, Abakar Djermah Aumi caressait le rêve de porter l’équipe nationale de football sur ses épaules. Un rêve qu’il commença à concrétiser à l’hippodrome de N’Djamena. Pieds nus, la pépite du quartier Moursal  y croyait jusqu’à cette fameuse date. Nous sommes vers les années 80, Gérard Smith, lance un projet de développement de football de jeunes. AB (Abakar ) s’inscrit comme les 200 garçons de son âge. Il a tapé dans l’oeil des sélectionneurs. Le benjamin de la famille Aumi est retenu. Mais au lendemain de la sélection, il ne repond pas à l’appel.  Des bruits courent qu’il a troqué ses crampons de football contre le kakémono.

« j’ai toujours dit que c’est par déception que j’ai quitté le football pour le judo et aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix », justifie le quadragénaire. 

Sur son nouveau terrain de jeu, le natif du Moyen-Chari se montre intraitable vis-à-vis de ses adversaires et commence à se faire un nom dans un cercle restreint. Il enchaine les performances. Le jeune homme se bombe les pectoraux et gravit les échelons : ceinture noire, maitre, sélectionneur national. Fils d’un pratiquant de karaté et neveu d’un grand judoka, Abakar Djermah Aumi a vite cerné le code moral de l’art: la discipline, la sincérité et l’honneur. Désormais, il pratique le judo pas pour se défendre mais pour d’autres raisons qu’il évoque très peu : « hisser très haut mon pays et mon continent ».

En 1997, la star du judo tchadien, est bachelier. La porte des études supérieures s’ouvre à lui. Et deux ans après, il est élu secrétaire général de la Ligue de judo pour la ville de N’Djamena. Pour concilier ses défis, le jeune timide, aiguillonne la discipline et réfute l’échec. 

«  je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut pas parler de difficultés mais qu’il faut parler de réussite .»

Abakar Djermah Aumi

Pendant qu’il obtient son brevet de technicien supérieur en gestion et comptabilité, il est poussé à la tête de la Ligue de judo de N’Djamena. Quatre ans ont suffi pour celui, qu’on indexe comme « le perfectionniste » pour être propulsé président de la Fédération tchadienne de judo.

Le trentenaire, en 2006, avait pour mission de ranimer le judo tchadien endormi. « A l’heure actuelle, c’est la seule discipline qualifiée aux jeux olympiques sur les 27 disciplines au Tchad », relève-t-il avec fierté.

Sans sa ceinture noire 5e Dan et loin du tatami, le jeune maitre est entre les avions : chef de la délégation du Tchad, dont celle de la coupe de la Cemac remportée par les Sao, conférence internationale…

Un matin de 2017, Abakar Djermah Aumi postule à la présidence du Comité olympique sportif tchadien (COST). Pour beaucoup, il n’a aucune chance de remporter l’élection. Son adversaire, le président sortant connait le COST comme sa poche. Mais le résultat des urnes ont fait de lui président. Il devient le plus jeune chef du Cost à 41 ans. Plus le poste de vice-président de la Commission finance de l’association du comité olympique.

Aujourd’hui, Abakar Djermah Aumi est porté par une vingtaine de fédérations africaines de judo pour présider l’instance. Sa candidature est déclarée le 4 janvier.

« Une fois présidant de l’Union africaine de judo, nous nous attèlerons à consacrer notre vision partagée qui est celle du judo que nous rêvons pour notre continent et pour la génération future .»

Abakar Djermah Aumi

N’Djamena a mobilisé une grosse enveloppe et prévoit accueillir une trentaine de fédération en février. Objectif, faire pencher la balance du côté de son candidat.  Silencieux, Abakar Djermah Aumi  a le trait de celui à qui tout réussit bien. Il sera sur le tatami avec le président sortant de l’Union africaine de Judo, le 18 mai 2021 au Maroc.