En décembre, le Comité olympique sportif tchadien (Cost) tiendra son assemblée générale élective. Sous fond de contestation de quatre présidents de disciplines sportives, le président sortant Abakar Djermah Aumi annonce sa candidature pour un deuxième mandat.

Il est candidat. Sans embuche, le président du Comité olympique et sportif tchadien (Cost), Abakar Djermah Aumi confirme sa candidature pour  la présidence du Cost. « Je suis candidat, mon équipe est candidate », affirme-t-il d’un ton déterminé. « Nous avons l’ambition d’avoir un deuxième mandat pour parachever ce que nous avons commencé il y a quatre ans », ajoute le président de la fédération tchadienne de judo.

 « En quatre ans mon équipe a accompli un travail que je qualifie d’extraordinaire et d’exceptionnel dans la promotion du sport dans notre pays »

Abakar Djermah Aumi

L’échéance est prévue vers la fin du mois de décembre. Mais déjà elle s’annonce palpitante. A la veille de cette élection, des voix contestent la gouvernance de l’homme en course pour sa propre succession. Des présidents des fédérations fustigent ouvertement sa gestion. Ils lui reprochent d’être le détonateur des conflits entre les fédérations et le ministère des Sports. « C’est celui qui tire les ficelles dans l’ombre », l’accuse-t-on.  

Des reproches que la ceinture noire de judo balaye d’un revers de main : « En quatre ans mon équipe a accompli un travail que je qualifie d’extraordinaire et d’exceptionnel dans la promotion du sport dans notre pays », se défend-t-il. Selon lui, l’équipe qu’il dirige a abattu un travail considérable : redynamiser la communication, faire participer le Tchad aux jeux olympiques comme une nation qualifiée et non invitée ; la signature de la charte d’objectivité entre les fédérations et le ministère des sports, la promotion de l’excellence.  « Nous avons bénéficié du même budget que le bureau sortant en quatre ans. En termes de résultat,  de performance, d’aménagement des locaux, de personnel, d’activité réalisée, la différence, elle est grande », compare-t-il.  

Un bilan que pas moins de quatre présidents de fédérations n’approuvent pas. Et pour détrôner l’actuel président du Cost, une coalition serait née selon les  indiscrétions. Selon ces indiscrétions, cette équipe s’affute à désigner un candidat de taille face à leur ami d’hier. Dans les murs du Cost, Abakar Djermah Aumi multiplie des réunions avec son équipe. « Je suis judoka. Le judoka, c’est un sport de combat et le sport de combat nous enseigne à ce que nous développons notre capacité à relever les défis », lance Me Abakar Djermah Aumi.

Pour beaucoup, le désaccord entre le patron du Cost et ces présidents de fédérations est né au lendemain de son élection. Après sa prise de fonction, l’élu affichait sa volonté de réorganiser les fédérations : contraindre les fédérations à tenir leur assemblée générale élective, l’obligation de résultats… Un engagement qui a sonné le divorce entre le deux camps.

“Je n’ai pas échoué”

Abakar Djermah Aumi

« Dites moi depuis que Kaltouma Nadjina a enlevé ses paires de pointe est-ce que le Tchad a gagné une seule médaille africaine ? Depuis l’indépendance, est-ce que le Tchad est qualifié à la coupe d’Afrique ? D’autres disciplines comme le judo, la lutte, taekwondo gagne des médailles africaines pourquoi pas ces fédérations ?», s’interroge-t-il.  Après une courte pause, il répond à cette question en ces termes :  «On vous dira que l’État ne donne pas les moyens… le rôle d’un président de fédération est de chercher de l’argent, des sponsors pour développer sa discipline », enseigne-t-il. 

Aujourd’hui, Abakar Djermah Aumi n’admet pas avoir failli en essayant de faire le ménage à la tête de certaines fédérations :  « Je n’ai pas échoué. Le statut du comité olympique à l’état actuel ne vous permettra pas de promouvoir l’excellence, de mettre de l’ordre au sein de différentes fédérations », martèle-t-il.  D’après lui, il  va falloir passer le cap de l’élection afin de réactualiser les choses. Mais le plus important pour lui, repose sur le respect des engagements du gouvernement et des fédérations vis-à-vis de la charte d’objectivité qui entre en vigueur en 2022.

En 2017, Abakar Djermah Aumi a détrôné, à la surprise générale, le président de la fédération de volleyball, le général Idriss Dokony Adiker. Pour cette élection, il pourra compter que sur les voix des présidents des fédérations et associations qui composent son bureau. Il va peut-être tenter de rallier ceux qui se sont désolidarisés de lui.  Mais cela ne serait pas évident vu l’atmosphère qui prévaut au sein des deux parties.