Depuis l’accession de leur pays à la souveraineté, les Tchadiens peinent à souffler le vent d’une stabilité sécuritaire, économique et financière durable. Au lendemain des indépendances, une instabilité à presque tous les niveaux s’est installée suite aux différents régimes politico-militaires qui se sont succédé au pouvoir. En 2003, avec l’exploitation du pétrole, les espoirs étaient nés mais sans compter avec la mauvaise gestion et Boko Haram.

« Le Tchad est indépendant et souverain ». Cette phrase prononcée dans la nuit du 11 août 1960 par le président Ngarta Tombalbaye, est présente encore dans les esprits des Tchadiens qui ont vécu cette période.  Car pour eux, c’est le début d’un rêve qui va aboutir à un Tchad développé à l’image des pays occidentaux. Que reste t-il de cette souveraineté après 58 ans ?

Le Tchad comme beaucoup de pays africains qui ont accédé aux indépendances durant cette période, ne va pas échapper aux vagues de coup d’Etat. Et, l’aventure débute par le premier coup d’Etat qui a fait tomber le président Ngarta Tombalbaye, le 13 avril 1975. Félix Malloum sorti de la prison, reprendra les choses en main. Lui non plus ne va résister aux coups de feu des maquisards. Après son départ, Goukouni Wedey dirigera le Gouvernement d’Union Nationale du Tchad (GUNT). En 1982, Hissein Habré fonce sur N’Djamena et s’installe également au palais présidentiel. Critiqué pour son régime dictatorial, ce dernier se verra éjecter du pouvoir en 1990 par le président Déby. Le vent de la démocratie qui a commencé par souffler n’annonce pas l’épilogue de la saga rébellion. Quelques poches de groupes politico-militaires vont résister avec des incursions spontanées. Les plus remarquables sont celles du 13 avril 2006 et 02 février 2008.

Après ces dates, une paix relative est observée et le Tchad a enclenché son développement économique avec les retombées de l’exploitation du pétrole à partir de 2003.  Pour renforcer cette stabilité, des moyens colossaux sont investis dans les forces de défense et de sécurité. Quelque fois au détriment des projets sociaux. Le slogan est « pas de développement sans sécurité ». Avec cette paix relative, il faut reconnaitre que le Tchad a commencé par intéresser les investisseurs internationaux. Malheureusement le spectre des combats n’a pas totalement quitté le Tchad. Boko Haram qui sévissait au Nigéria depuis 2009, était l’inconnu de l’équation. En 2015, elle attaque pour la première fois le Tchad et en pleine capitale. En agissant ainsi, le gouvernement est obligé de nouveau de réorienter assez d’investissements dans la sécurité. Depuis lors, le Tchad est devenu l’épicentre de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. La crise économique et financière est expliquée en partie par cet engagement militaire. Même si la chute des cours du baril du pétrole en est la cause principale.

Le Tchad, depuis 58 ans d’indépendance n’est pas totalement sorti du carcan de l’instabilité. Ce qui sape les efforts consentis et par l’Etat tchadien et par ses partenaires au développement. L’autonomie et l’indépendance que le Tchad doit chercher est celle dite économique car les inégalités sociales sont également source de conflits. Avec la 4ème République, le pouvoir en place va-t-elle tenir son pari ? L’on est encore loin d’une évaluation.