Au marché de Dembé dans le 7e arrondissement, l’engouement des vendeurs de poisson frais va grandissant. Ces hommes se livrent à cœur joyeux dans ce commerce aux côtés des femmes leur faisant grincer les dents.

« Hadjé avance, tu veux pour combien », me lance un vendeur de poisson au marché de Dembé, en me voyant approcher. C’est avec un accueil amical et une ambiance joviale que les vendeurs de poissons frais attirent plus la clientèle de leurs côtés.

Sac étalé au sol, poisson dessus, Abdou le Gang, vendeur de poisson frais, est l’un des plus connus au marché de Dembé. Une chaîne de femmes et d’hommes sont en attente, tous debout. Ce vendeur vend des poissons en détail. Force d’un constat, sa manière de commercialiser est plus appréciée par sa clientèle. Ils sont tous pressés mais Abdou arrive à les gérer. « Ce qui me plaît bien c’est sa technique de vente. Et il est très respectueux. Il traite les grandes dames comme sa propre mère », appuie Fatma Haroun, une ménagère dans la cinquantaine.  Abdou est dans ce business depuis près de sept ans. « Je vends de moyens et de gros poissons de 2500f au plus », dit-il. « Ce n’est pas si compliqué de fidéliser ses clients. Il suffit juste d’utiliser les bons mots et être franc avec eux. Si ton poisson est pourri, il faut le leur dire, ça arrive. Et là tu te fais des bons clients », ajoute-il.

Une concurrence rude

Ils préfèrent les vendeurs que les vendeuses. « Les vendeuses ont toujours des manières très particulières d’attirer les clients. Et cela par catégorie », avoue une ménagère. Pour elle, les vendeuses des poissons frais ne commercialisent pas pour tout le monde. Elles choisissent par classe ou par habillement. « Si tu es mal habillé et que tu t’approches de gros poissons, ces femmes ne te répondent pas. Ou soit elles t’indiqueront ailleurs. Quelquefois, elles peuvent même te dire que ce n’est pas en vente », ajoute la dame. Une attitude qui déplait à nombre de femmes ménagères.

En expliquant, Bosco, vendeur de poisson, me fait comprendre que les femmes cherchent trop de bénéfices et c’est ce qui entraine la hausse du prix de leurs côtés.  Mais généralement « nous les hommes, nous nous contentons que de ce qu’on peut avoir et c’est tout. On ne calcule pas trop », renchérit Bosco.

Pour Jeannette, une des vendeuses de poisson en détail, les hommes vendeurs s’emparent de leur cliente. « Il y a celles qui viennent chez nous depuis des années et ces deux dernières années on les voit ailleurs », dit-elle. « Maintenant on doit garder un œil sur eux, sinon ça va certainement mal se terminer », conclut-elle.

Face à cette concurrence masculine, les femmes vendeuses perdent le terrain. Certaines sont contraintes de vendre à la sauvette dans des bassines au bord des grands voies ; d’autres font de porte à porte.

Ce revirement des hommes dans la vente de poisson frais en détail laisse pantois les dames. Car, jadis, l’homme se contentait de la pêche et la femme de la vente. Même s’il arrivait qu’il vende, il le faisait en grossiste. Avec l’allure où les hommes concurrencent les femmes vendeuses, l’on se dit que celles-ci finiront abandonner le terrain et se tourner vers le commerce des poissons fumés.