Se faire embarquer au cours de la route au lieu de passer dans une agence de voyage devient courant à N’Djamena. Et tout ça avec ses avantages et ses risques.

L’ambiance est ambigüe. Des causeries et rires amicaux donnent la couleur à ce coin. Des vacarmes de moteurs, des klaxons d’engins mêlés aux bruits des vendeurs ambulants du pain à la criée et autres vendeurs sur le lieu. Certains debout, d’autres assis sur le goudron. Sac à dos, valises, des bidons de 25 et 40 litres déposés à côté d’eux. Des voyageurs attendent impatiemment à la sortie sud de N’Djamena les bus pour voyager. L’atmosphère donne l’impression d’une gare. Pourtant il ne l’est pas.

Sous une chaleur ardente, les plus âgés prennent refuge sous les hangars et parasoleils des commerçants sur le bord du goudron.  Laissant ainsi les bras valides qui, à leur tour prennent garde des bagages de peur qu’ils soient volés.

Enfin, un bus vient se garer devant ce groupe attroupé. Bousculades et bruits sont à observer quand la portière automatique s’ouvre. «Laissez-moi monter ! » crie l’un des voyageurs. Puis ils se mettent en ordre sous l’instruction de l’apprenti chauffeur.  Chacun indique sa destination et négocie le prix.  

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Les prix varient quelquefois selon la destination. « N’Djamena-Moundou 8000 francs, Kélo 7 500, Djouman 6 000. Mais quand un client se plaint auprès de nous on le comprend et on diminue le prix exceptionnellement pour lui », explique Rabi Hara, un commis de charge rencontré sur les lieux.

Pourtant le prix fixé par les agences de voyage selon les différentes destinations est comme suit: Guelendeng 5 000f, Bongor 6 000f, Djouman Kolobo- 7 000f, Kélo et Béré 8 500f, Goré Moundou Krim-krim 10 000f, Doba, Bébédjia 12 000f, Péni Koumra 13000f, Sarh 15 000F.

La pauvreté et l’urgence sont les causes principales que relèvent ces clients. «  Dans les agences, il faut  passer par les guichets pour payer le ticket et la somme est exorbitante. Nous nous sentons mieux ici, surtout nous les démunies. Même si nous restons dans les allées du bus», souligne Théodore l’un des voyageurs trouvé sur le lieu. Mais la dimunition des tarifs ne profite pas seulement au client, au chauffeurs aussi. Car, l’argent encaissé hors agence va directement dans les poches. Si cela est un profit, il va dire que les risques ne manquent pas.

Un voyage aux risques et périls des concernés

D’autres par contre montent les véhicules de bagages, d’où l’arrière est presque non couvert. Ils s’exposent ainsi à toutes les intempéries de la nature.

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« Certes il y a de bâche que le chauffeur et son apprenti prennent le soin d’attacher  en cas de pluie. Mais nous nous  exposons aux intempéries de la nature, telles que les vents violents, la chaleur, la fraicheur sont nos compagnons quotidiens.  Cela nous cause des maladies par exemple le rhumatisme, le paludisme et autres », affirme une femme âgée d’environ 40 ans  assise sur le lieu.

Les risques et conséquences qu’encourent ces individus sont  non seulement des maladies mais aussi les accidents routiers. « Les cas d’accident arrivent mais ne sont pas fréquents. Pour ceux qui montent au cours de la route, en cas d’accident l’agence ne s’implique pas. Ils sont à la charge des chauffeurs, car ils ne se sont pas faits enregistrés comme les autres voyageurs. S’ils étaient enregistrés, il n’y a l’assurance qui est là », confie Gauthier Allatan, employé d’une agence de voyage.

Djimhodoum Serge, stagiaire