Un commerçant trouvera toujours moyens et lieux pour se vendre. Constat observé au cimetière de Toukra où femmes et hommes, notamment jeunes mineurs lancent de petits commerces à l’endroit des cortèges funèbres et fossoyeurs.

Au cimetière de Toukra, situé dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djamena, des commerçants s’activent aux heures d’enterrement pour vendre des produits alimentaires. Il s’agit principalement de  l’eau glacée, pistache, jus de fruit, boulette, whisky frelaté, cigarette, etc.

Rappelons que ces petits commerces sont nés du besoin des fossoyeurs à reprendre des forces après une tâche ardue, le creusage des tombes. Ces derniers s’attèlent dès l’aube équipés de pelles et de pioches. Ils se rapprochent auprès des riverains vendeurs de nourriture pour se restaurer avant toute besogne.  Du coup, les habitants de la localité ont saisi cette occasion pour proposer et multiplier leurs services moyennant une somme d’argent. Les prix oscillent entre 50 francs et 200 francs CFA.

Ainsi ont vu le jour les petits commerces environnant le cimetière.  Fait dû à la forte affluence de personnes sur ce site autour des enterrements. Et même, les habitants d’autres quartiers se lancent dans cette aventure pour l’appât du gain. Nombreux viennent des quartiers tels que Walia, Habbena ou Atrone pour vendre leurs produits, majoritairement liquidés le même jour.

Les enterrements s’opérant généralement entre 13h et 15h, ces commerçants arrivent souvent à vendre plus que prévu. D’après une vendeuse, « le commerce de ce genre est plus fructueux ici. Il arrive des fois de tout vendre la nourriture et d’aller s’approvisionner plusieurs fois dans la même journée. »

En dépit de ces commerces qui nourrissent leurs hommes, il est relevé que le cimetière est un lieu sacré et de repos pour les âmes. Des langues se plaignent en spéculant : « ces vendeurs ne seraient-ils pas des revenants ? Pourquoi, se plantent-ils tous les jours ici ? Pourquoi les parents venir commercer jusqu’au cimetière ? »

Noudjimadji Perline