En dépit de la sensibilisation, déféquer à l’aire libre reste constant dans les habitudes des N’Djamenois.

Habbena, un quartier du 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Sur une aire libre, un jeune homme défèque aisément. Tout autour de lui, des déchets, urines et autre tas d’ordure jongent l’espace. L’homme à la vingtaine semble tenir compte de personne (passant, riverain). Malgré les odeurs nauséabondes du lieu, le bonhomme mâche tranquillement son morceau de cola.

Comme cette vingtaine, dans certains quartiers de N’Djamena en saison pluvieuse, enfants, jeunes et vieux se donnent le plaisir de déposer des matières fécales dans des espaces libres quelquefois près des marres. Dans les 7e, 9e et 10e arrondissements cette pratique est régulière.

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Du quartier Habbena, Atrone en passant par Amtoukoui, Ndjari, Walia le constat est presque le même. Ces personnes évoquent de raisons diverses. Pour les uns, ils sont des locataires et il n’y a pas de latrine à leur disposition. Pour d’autres, les latrines sont remplies. Pour d’autres encore, c’est dans leurs habitudes. Tels sont les justificatifs. Alors la nature est le lieu privilégié pour se soulager.

Dans certains quartiers, pour contenir cette mauvaise pratique, des indications comme “interdit d’uriner ici”, “interdit de chier ici” sont lisibles sur des plaques.

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Cette pratique n’est pas sans conséquences sur la population. Selon Beninga Ndjekémé, médecin généraliste, elle expose la population à des risques. « Les matières fécales constituent un réservoir des parasites et des micro-organismes qui peuvent facilement transmettre des maladies par voie des eaux de ruissellement telles que les maladies diarrhéiques, les bactéries et autres épidémies », explique-t-il.

Ces risques peuvent causer des conséquences qui, selon Béninga Ndjekémé, sont classées d’ordre proche et éloigné.  “Les conséquences proches de cette pratique peuvent se manifester automatiquement, c’est-à-dire dans 72heures et se résument aux maladies hydriques et diarrhéiques telles que  l’amibiase intestinal, les vibrions cholériques, les fièvres typhoïdes, le paludisme et autres.”

Il est pour lui de poursuivre en relevant les conséquences éloignées. « En déféquant à l’aire libre, il y a également les urines qui sont porteuses de virus qui se transmet par le biais les eaux et le contact de la peau. Ces virus se développent et se répandent partout créant ainsi la bilharziose qui est une maladie dangereuse. Il y a également la poliomyélite et les vers de Guinée constituent les effets à long terme découlant de cette pratique », souligne-t-il.

Malgré les multiples sensibilisations faites par le ministère de la Santé publique en collaboration avec des organismes telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Association française pour le Développement (AFD), cette pratique continue son bon chemin et tue le peuple tchadien dans son ignorance à petit feu. Comme le dit un passage biblique : « mon peuple meurt faute d’ignorance », c’est ainsi que le N’Djamenois crée les conditions pour écourter sa vie.

Djimohodoum Serge, stagiaire