Trouver une poche de sang pour secourir un patient relève d’un parcours de combattant à N’Djamena. Pour raccourcir ce calvaire,  des hommes passent au marché noir où des donneurs universels troquent leur sang contre des billets de banque.  

Visage plus que passible. Abel* vient d’apprendre que ses trois amis ne sont pas compatibles au groupe sanguin qu’il recherche. Depuis ce matin, il multiple les va-et-vient entre l’hôpital de la mère et l’enfant et le centre national de transfusion sanguine. Il a besoin de deux poches de sang de groupe sanguin Opour l’intervention chirurgicale de sa femme admise à l’hôpital de la mère et l’enfant.

Sur les personnes qu’il a faites venir au centre, aucune d’entre elles n’est donneuse. L’espoir de la quarantaine se rétrécit au fur et à mesure. Le temps de remercier ses amis du quartier qui ont échoué au test de compatibilité, son téléphone se met à sonner. Une énième fois depuis qu’il est sous ce grand arbre à l’entrée du centre. Son appel n’a duré que d’un temps record. Soudain, son interlocuteur, un homme jeune, bien robuste s’approche avec prudence vers lui.

Aussitôt, les deux hommes s’écartent de la foule.  Loin de ce petit commerce des médicaments installé devant les urgences de l’hôpital général de référence nationale, ils ont entamé une conversation de quelques minutes. À la fin de leur discussion, l’inconnu passe un appel. Le temps de raccrocher, deux autres hommes ont rejoint le groupe. Abel* et les trois inconnus franchissent le portail du centre national de la transfusion sanguine (CNTS).

Le temps passe dans les murs du CNTS. Les quatre hommes rebroussent le chemin.  Abel* enveloppe en main, une fine satisfaction au visage, longe l’avenue du 11 août vers l’hôpital de la mère et l’enfant.

Les inconnus sous le regard du vigile en face du CNTS se partagent le butin.  Poignée de main et chacun d’eux a repris sa direction. Un docteur choukou, habitué des lieux, nous confie que l’homme robuste est connu pour cette pratique. « Le troque de sang contre des billets de banque »

« Hier seulement, il a vendu une poche de son sang à un couple à 40 000 mille francs CFA. Ne pouvant pas le faire aujourd’hui, il a fait appel à ses camarades » laisse-t-il entendre.  « Il vient de vendre deux poches de sang à ce monsieur à 75 000 mille francs CFA » ajoute-t-il.

D’après les indiscrétions, l’homme robuste est donneur universel. Il n’hésite pas à troquer une poche de sang contre 35 à 40.000 mille francs CFA. Parfois, il joue le rôle de démarcheur entre le potentiel client et ses camarades. Un business qui prospère en dépit d’angoisse des clients.   

Abel*: nom d’emprunt